Télévision - Surtout des fictions pour réchauffer les froides soirées

La nouvelle émission de Marc Labrèche ce samedi à Radio-Canada est très attendue. Les Lavigueur est déjà une des grandes surprises de l'hiver. Et les téléspectateurs profiteront une dernière fois de deux grandes séries qui terminent leur carrière à TVA, Le Négociateur et Nos étés.
Mais malgré l'intérêt suscité par ces émissions, il est impossible de faire un survol de cette rentrée télévisuelle sans passer par TQS, et de ne pas considérer les problèmes de TQS comme étant la nouvelle de l'hiver dans le monde de la télévision.Au moment d'écrire ces lignes, aucun acheteur officiel ne s'était encore manifesté, mais TQS avait obtenu de la Cour supérieure une autre protection de 45 jours, selon la loi des arrangements avec les créanciers.
TQS a déjà confirmé le report d'une émission comme 90 minutes de bonheur, et de deux nouvelles séries qui étaient prévues pour février. Le prochain mois sera évidemment crucial, et on suppose que lorsqu'une offre d'achat sera confirmée, les émissions en banque seront diffusées, en attendant de savoir ce qu'on pourra produire l'automne et l'hiver prochains. Difficile de dire plus pour le moment.
De Jean-Guy Lavigueur à Céline Dion
L'hiver télévisuel n'est pas nécessairement la grande période de lancement de nouvelles émissions en information, ou de nouveaux grands magazines. Ce sont plutôt les fictions qui sont destinées à réchauffer les froides soirées.
La palme va donc à Radio-Canada encore une fois, qui frappe fort depuis deux semaines avec Les Lavigueur. La télévision publique propose également cet hiver et ce printemps la suite de séries déjà connues, comme Tout sur moi, Casino, Les Étoiles filantes, et la vie de René Lévesque dans sa période de premier ministre.
Dans le domaine autre que celui des fictions, tous les regards sont tournés vers 3600 secondes d'extase, cette émission d'humour et de sketches autour de l'actualité, organisée autour de Marc Labrèche, qui veut maintenant ouvrir les samedis soirs à la télévision publique.
À TVA, on mise sur le retour de Taxi-022, l'amusant projet de Patrick Huard, et sur deux séries fortes, Le Négociateur et Nos étés. Le problème, évidemment, c'est que ces deux émissions entreprennent en février leur dernière diffusion. TVA doit donc trouver des solutions de remplacement pour l'année prochaine.
TVA a également une autre stratégie: on remarque que la chaîne mise beaucoup sur les grands événements spéciaux et les grands shows de variétés. Il n'y a aucun doute qu'elle raflera de super cotes d'écoute avec les deux soirées consacrées à Céline Dion demain et dans une semaine, avec pas moins de trois émissions différentes, l'une consacrée aux fans de la chanteuse, un documentaire sur les coulisses du spectacle A New Day à Las Vegas, et enfin la diffusion du spectacle en soi.
TVA compte beaucoup aussi sur ses soirées du dimanche soir, réorganisées autour du Banquier et de Dieu merci!, pour ne pas laisser le monopole à Radio-Canada avec Tout le monde en parle.
À Télé-Québec, les principales nouveautés ont été placées à l'automne, les changements nécessaires à Bazzo.tv ont été apportés, Contact propose de nouvelles entrevues, mais la chaîne a quand même introduit cet hiver un nouveau magazine scientifique, Le Code Chastenay, un projet qu'elle caressait depuis longtemps. Nouveau projet pour les jeunes également, les Kiki Tronic, émission de science-fiction diffusée le vendredi soir.
Du côté des chaînes spécialisées, la chaîne qui se fait le plus remarquer cet hiver par ses nouveautés est Historia, avec quelques séries documentaires qui piquent la curiosité, dont l'une en cours de diffusion sur l'histoire de la psychiatrie au Québec (Maudits Fous), et une série fin février sur l'histoire des Québécois en Floride.
Les fiançailles télé-Internet
Mais la notion de saison télévisuelle se modifie de plus en plus. Les nouveautés s'échelonnent sur plusieurs semaines, et une nouvelle saison printemps-été trouve de plus en plus son identité. Radio-Canada vient d'annoncer, par exemple, qu'elle lancerait plus tard au printemps un nouveau jeu, Pyramide.
La rentrée télévisuelle, ce ne sont pas seulement les émissions, mais c'est aussi la façon dont on les regarde. Car la télévision est plus que jamais en plein bouleversement, luttant pour conserver les téléspectateurs dans un contexte de fragmentation des auditoires, et flirtant avec Internet.
On ne peut pas annoncer encore pour cet hiver la diffusion de vos émissions préférées dans Internet, mais il est clair que la question des droits des créateurs sur les nouvelles plateformes reviendra sans cesse dans les prochains mois. Elle est d'ailleurs au coeur de l'actuelle grève des scénaristes aux États-Unis, une grève qui perturbe d'ailleurs la programmation télévisuelle américaine.
Fin décembre, un groupe qui évalue les nouvelles émissions lancées dans le monde, Médiamétrie et NOTA, réalisait une étude dans neuf pays. L'étude remarquait que l'explosion d'Internet oblige la télévision à introduire de plus en plus d'interactivité dans ses programmes.
On ne sait pas encore jusqu'où cette tendance peut aller, mais on remarque qu'au Québec, Radio-Canada propose maintenant aux téléspectateurs de participer à des émissions comme Le Match des étoiles et L'Heure de gloire. À TVA, l'émission d'improvisation Dieu merci!, d'abord destinée aux comédiens professionnels, cherche maintenant des participants du public. Sur Artv, Christiane Charette invite aussi les téléspectateurs de Cabine C à livrer leurs propres témoignages sur vidéo. Bref, l'interactivité avec le public, et les liens Internet-télévision, se multiplieront.