C'est la honte de la famille. Et pour bien faire comprendre à cet enfant qu'il doit porter cette étiquette comme d'autres leur croix, il passe les premières années de sa vie dans le grenier de la maison familiale, où sa mère vient lui rendre visite à l'occasion, s'attirant chaque fois les foudres de la grand-mère.

La cinéaste belge Marion Hänsel a choisi d'être quelque peu irrespectueuse à l'égard du roman Les Noces barbares, de Yann Queffélec, prix Goncourt en 1985. Dans son adaptation (réalisée en 1987), qui respecte le caractère brumeux du décor et la dureté du petit monde dans lequel grandit Ludovic, elle préfère évoquer tardivement les circonstances atroces entourant la conception de cet enfant faisant constamment le malheur de sa mère, Nicole (Marianne Basler).

Elle croyait qu'avec les années elle finirait par aimer ce garçon légèrement attardé, dont les retards résultent surtout de son isolement. Même son mariage avec un homme plus âgé qui se prend d'affection pour Ludovic ne calmera pas ses angoisses et ses tourments. Elle croit qu'elle sera enfin apaisée lorsqu'il aura sa place dans une institution. Mais c'était sous-estimer la force de l'amour qu'il porte à cette femme brisée, un amour qui ne pourra jamais effacer la tragédie entourant sa naissance.

Si Marianne Basler réussit à nous émouvoir en mère éplorée, c'est surtout parce qu'elle est toujours face à deux acteurs exceptionnels, Yves Cotton et Thierry Frémont, incarnant respectivement Ludovic à l'enfance et à l'adolescence.

Ce garçon à la sensibilité exacerbée, ignorant la méchanceté, va résister comme il peut à ce monde sans pitié, particulièrement impitoyable devant les âmes pures.

Cinéma / Les Noces barbares - TV5, 20h