À voir à la télévision le mardi 22 janvier - Ma ville et mes amours
Woody Allen doit une fière chandelle, et sans doute son Oscar du meilleur film, au monteur Ralph Rosenblum. Annie Hall devait à l'origine ressembler à une comédie policière agrémentée d'une romance s'étirant sur deux longues heures. Devant ce foutoir de scènes inutiles, Rosenblum en a jeté plusieurs à la poubelle, conservant la portion sentimentale, et resserré le tout en 95 minutes. Le résultat? Un film d'une intelligence pétillante, dont les dialogues et les quiproquos, farcis de références culturelles et de rencontres étonnantes, constituent des morceaux d'anthologie.
L'ancien rédacteur de blagues du Tonight Show avait réalisé plusieurs comédies légères (Bananas, Love and Death), mais c'était la première fois que le véritable Woody Allen se dévoilait: brillant, hilarant... et névrosé. Ce pari d'honnêteté lui a merveilleusement réussi, amorçant une carrière de cinéaste d'une régularité exemplaire (un film par année) et jalonnée de chefs-d'oeuvre (Manhattan, Hannah and Her Sisters, Match Point).Inspiré de sa relation amoureuse avec Diane Keaton — terminée depuis longtemps au moment du tournage —, Annie Hall présente le premier d'une longue série de personnages très semblables au cinéaste. Celui-ci se nomme Alvy Singer, un «gagman» pour la télévision traînant comme une fatalité ses deux mariages ratés et ses quinze ans de psychanalyse. Son amour pour une belle WASP dont la superficialité n'a d'égale que son chic vestimentaire — les vêtements très masculins de Keaton, signés Ralph Lauren et merveilleusement déjantés, inspireront des hordes de clientes des friperies — donnera lieu à une suite d'incidents burlesques, acidulés ou d'une grande tendresse. Et en filigrane se profile une autre histoire d'amour, celle d'un cinéaste pour sa ville: New York.
Cinéma / Annie Hall - Artv, 21h