Paris — André Gorz, le cofondateur de l'hebdomadaire français Le Nouvel Observateur, s'est suicidé avec sa femme, Dorine, à leur domicile de Vosnon (Aube). Âgée de 83 ans, celle-ci était atteinte d'une affection évolutive depuis de nombreuses années. Les deux corps ont été retrouvés inertes côte à côte lundi.

André Gorz, âgé de 84 ans, aurait fait part à une amie de son désarroi devant l'aggravation de l'état de santé de son épouse quelques jours plus tôt.

Né à Vienne en février 1923 et naturalisé français en 1954 sous le nom de Gérard Horst, André Gorz était un philosophe et essayiste de renommée mondiale. Il est considéré comme un penseur de l'écologie politique et de l'anticapitalisme.

Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Écologie et Politique, Écologie et Liberté, Adieux au prolétariat et Métamorphoses du travail.

André Gorz avait fondé, avec Jean Daniel, Le Nouvel Observateur en 1964, sous le nom de Michel Bosquet. Après sa retraite, prise en 1983 pour s'occuper de son épouse, il s'était retiré dans une maison à 35 km de Troyes. C'est à sa femme, dont il était très amoureux, qu'il avait consacré en 2006 le livre Lettre à D. Histoire d'un amour.

Exprimant sa «tristesse», le président français, Nicolas Sarkozy, a souhaité «saluer le singulier destin» du philosophe. Il l'a qualifié de «grande figure de la gauche intellectuelle française et européenne», dans un communiqué publié lundi.

André Gorz «aura toute sa vie analysé en profondeur tant le socialisme que le capitalisme, à travers une double identité et un sens du paradoxe propre aux grands esprits», a estimé le président de la République. Il a aussi rappelé que cet homme avait été «un fondateur important du courant écologiste au début des années 70».