Paris — La chaîne internationale d'information en continu France 24 a commencé à émettre hier soir à 20h30 exclusivement sur Internet pendant 24 heures. Elle sera diffusée dès ce soir en France, en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient.

L'objectif de cette chaîne, voulue par le président Jacques Chirac depuis plusieurs années, est de «couvrir l'actualité avec un regard français» et de «véhiculer partout dans le monde les valeurs de la France». Elle doit commencer à émettre dès ce soir à 20h30 sur le câble et le satellite en français et en anglais.

La réception sur Internet de la chaîne française a été «bonne» malgré quelques «pépins», notent des internautes au Canada, pays où la nouvelle chaîne n'est pas disponible à la télévision.

«Il y a eu deux ou trois fois où la mémoire tampon était trop basse. J'ai dû me reconnecter, mais la qualité [de la réception] était bonne et j'ai pu me rebrancher sans problème», note Laurent-Mehdi Chokri, 27 ans, étudiant en doctorat de sciences politiques dans une université montréalaise.

«J'ai une connexion à très haute vitesse, ça ne peut donc pas être à cause de la connexion», poursuit-il tentant d'expliquer les quelques interruptions de service.

La chaîne a commencé à diffuser comme prévu à 14h29, heure de Montréal (20h29 heure de Paris), sur le site http://www.france24.com, et une minute plus tard débutaient les premières émissions en français et en anglais. Un premier journal d'information a également été diffusé en arabe.

Dans sa charte, France 24 ambitionne de «couvrir l'actualité avec un regard français» et réaffirme son indépendance à l'égard de l'État. Une indépendance sur laquelle a insisté Jacques Chirac lors d'un entretien accordé à la chaîne. «S'il y avait le moindre souci, ce serait la certitude de l'échec, a-t-il observé. Si cette chaîne devait être influencée par quelque extérieur que ce soit, elle ne réussirait pas. Elle ne serait pas crédible.»

Potentiel au Québec

«La réception était très bonne et j'ai eu en une quarantaine de minutes trois pauses de cinq secondes», constate Olivier Dionne, 28 ans, qui a une connexion Internet vitesse intermédiaire.

«Il y a eu quelques difficultés, mais je pense que ça va être une bonne chaîne de nouvelles internationales, il y a de bonnes images, des trucs qu'on a moins, nous ici, sur l'Afrique ou le regard porté sur l'Irak. Moi, je pense qu'il y aurait un potentiel ici», dit-il.

«Je ne suis pas certain que ça pourrait marcher au Québec [...], ça ressemble beaucoup au Réseau de l'information [RDI, la chaîne de nouvelles de Radio-Canada], avec peut-être un peu plus de correspondants étrangers. Je ne sais pas si ça peut répondre à une demande réelle au Québec», juge en revanche Laurent-Mehdi Chokri.

France 24 n'émettra pas au Canada dans un proche avenir et le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) n'a pour le moment reçu aucune demande visant à la distribuer.

Pour être disponible au Canada, la chaîne doit en premier lieu s'entendre avec un distributeur satellitaire ou câblé. Ce dernier doit ensuite déposer une demande auprès du CRTC, qui a le pouvoir d'accorder une licence d'exploitation.

«Le critère principal est que la chaîne n'entre pas en concurrence avec un service canadien existant», a expliqué à l'AFP Denis Carmel, porte-parole du CRTC, en précisant que la présence des chaînes américaines CNN et Fox News n'a pas porté préjudice à NewsWorld, le réseau public en anglais d'information en continu.

Chose certaine, la chaîne française devra faire attention de ne pas s'attirer les foudres des Canadiens, dont certains notaient hier que Jean Chrétien, au pouvoir de 1993 à 2003, avait été présenté comme «premier ministre» du Canada sur les ondes du réseau naissant.