La radio «après le tsunami»
Québec — Contrairement à ce qu'on observe à Montréal, la radio de Radio-Canada à Québec est en progression et devance, pour la première fois, la station CHOI-FM pour ce qui est des parts de marché. Ce qui la place au quatrième rang, derrière Rock Détente, la station «souvenirs» CFOM et Radio Énergie.
Pour Daniel Giroux, du Centre d'études sur les médias de l'Université Laval, la remontée de Radio-Canada et le déclin de CHOI-FM sont sans contredit «les deux principaux changements» à avoir marqué la radio à Québec depuis 2004. «La perte de cotes d'écoute de CHOI est marquante parce que pendant longtemps ils ont été loin devant tous les autres, note-t-il. Quant à la hausse de Radio-Canada, c'est la hausse la plus importante entre 2004 et 2006.»Suivant les données BBM diffusées cette semaine, Radio-Canada Québec (CBV) dépasse CHOI avec 13,1 % des parts d'écoute contre 11,5 %. L'an dernier, la Première Chaîne obtenait 10 % contre 14 % pour la station que Jeff Fillion a quittée en mars 2005. La radio Rock Détente, la station «souvenirs» CFOM et Radio Énergie se maintiennent quant à elles entre 12 et 15 %.
Et ce n'est pas tout pour Radio-Canada. Les données de son service de recherche indiquent que la radio publique est désormais première le matin. L'émission Première heure de Claude Bernatchez passerait du troisième au premier rang avec 18 %, là où CHOI dominait toujours l'an dernier avec 16 %.
Paradoxalement, à Montréal, on observe la tendance inverse. L'émission matinale de René Homier-Roy a glissé cet automne au troisième rang, derrière Paul Arcand et Radio-Énergie.
Joueurs nombreux
À Québec comme à Montréal, les joueurs sont nombreux sur la bande FM. Rock Détente et Énergie sont des joueurs incontournables sauf qu'à Québec, ils ont moins à se méfier de CHOI qu'auparavant. Pour cette dernière, la descente se confirme. De 443 000 auditeurs à la fin de 2004, on est passé l'an dernier à 290 000. Cette année, ce nombre descend de nouveau à 265 000.
Mais le nouveau propriétaire de CHOI, le président de Radio-Nord, Raynald Brière, ne s'inquiète pas outre mesure. «C'est nous qui avons le plus grand nombre d'auditeurs au quart d'heure, le matin», plaide-t-il avant de parler d'une période de «transition» pour la radio à Québec. «On avait trois animateurs qui dominaient le marché — Robert Gillet, André Arthur et Jeff Fillion — et ils sont tous partis en l'espace de deux ans. C'est sûr que ça brasse le marché.»
Les anciennes cotes d'écoute de CHOI étaient attribuables à une situation extraordinaire, selon lui. «Il y a une espèce de tsunami qui a secoué la radio à Québec. C'était une situation exceptionnelle. Des gens qui ne suivaient pas CHOI normalement allaient l'écouter pour savoir ce qui se passait», lance-t-il en référence à la période qui a débuté avec le scandale de la prostitution juvénile et a pris fin avec le départ de Jeff Fillion de la station CHOI-FM.
«À la radio, il faut distinguer la cote d'amour et la cote d'écoute», résume le commentateur média Claude Thibodeau, qui a mené une véritable croisade contre la vente de CHOI-FM à Radio-Nord. «Pour les animateurs, la cote d'amour arrive avant la cote d'écoute et elle part aussi avant la cote d'écoute. La cote d'amour de Jeff Fillion était partie et là, on vient d'assister au départ de la cote d'écoute.»
Mais M. Thibodeau attribue aussi le déclin de CHOI à celui plus général de la radio polémiste. «Il y a un essoufflement en Amérique du Nord de ces radios où on parle beaucoup et où on cherche à brasser la cage. Ils attribuent ça à la fatigue de l'auditoire.»
Collaboratrice du Devoir