À voir à la télévision le vendredi 8 décembre - Les soeurs parfois fâchées

À l'époque de sa sortie, Pauline et Paulette (2001) constituait un autre exemple de la vitalité créatrice débordante du cinéma belge, peu importe qu'il s'exprime en wallon ou, comme ici, en flamand. Le jeune réalisateur Lieven Debrauwer a signé un premier long métrage très personnel, jamais racoleur, dans la lignée des films de ses collègues et compatriotes qui ne craignent ni le kitsch ni les bons sentiments.

Comme son titre ne l'indique pas, Pauline et Paulette évoque la vie de quatre soeurs, toutes très différentes, unies davantage par la nécessité, et de tristes circonstances, que par dévotion familiale. Martha s'occupe de Pauline (Dora van der Groen) qui, à 66 ans, ne sait rien faire par elle-même, incapable de lire, d'écrire ou même d'attacher ses souliers. Celle-ci voue une admiration nullement réciproque à Paulette (Ann Petersen), commerçante et star de l'opéra local de ce petit village belge. À la mort de Martha, la lecture du testament donne froid dans le dos à Paulette et Cécile, la cadette établie à Bruxelles. Elles se partageront la fortune de Martha si l'une d'elles accepte de prendre soin de Pauline. Une tâche ardue, nécessitant des sacrifices que les deux soeurs, soucieuses de leur confort, ne sont pas prêtes à faire.

Avec ses intérieurs aux couleurs vives et une trame sonore qui s'harmonise parfaitement à ce petit monde attachant mais si prévisible, Pauline et Paulette illustre avec finesse les ravages du temps, et ceux de la maladie mentale, sur des femmes qui n'ont guère le profil des grandes héroïnes. Et c'est tout à l'honneur de Lieven Debrauwer de célébrer un certain sens de la solidarité familiale et d'en exposer aussi les limites, les petites trahisons. Tout cela est porté par la grâce délicate de deux grandes actrices flamandes, qui affichent leur âge sans aucun complexe, et n'en sont que plus émouvantes.

Cinéma / Pauline et Paulette, Télé-Québec, 23h30

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