À voir à la télévision le mardi 5 décembre - Shakespeare à la p(l)age
Alors que les salles de cinéma seront bientôt prises d'assaut par une adaptation cinématographique québécoise et contemporaine du chef-d'uvre du grand Will, Artv nous présente la version qu'en avait faite Baz Luhrmann il y a maintenant dix ans, sise elle aussi à l'époque actuelle.
En remettant au goût du jour cette histoire d'amour et de haine qui déchire les Capulet et les Montaigu, dans une apocalyptique Vérone californienne armée jusqu'aux dents, le réalisateur australien poursuivait sa trilogie du Rideau rouge, un cycle cinématographique théâtral amorcé avec le pétillant Strictly Ballroom et qu'il a conclu avec le virevoltant Moulin Rouge en 2001.Film-culte pour une génération d'adolescentes romantiques, qui y ont découvert le jeune et séduisant Leonardo DiCaprio tout juste avant qu'il ne sombre dans le Titanic, cette relecture avait eu
le mérite de leur faire connaître le texte original (quoiqu'un peu charcuté). Le film est moins coloré et moins joyeux que les deux autres opus de la trilogie (et pour cause!), mais l'esthétique kitsch et le jeu burlesque des acteurs qui caractérisent les films de Luhrmann sont encore au rendez-vous, quoique dans une moindre mesure... D'ailleurs, l'interprétation plutôt sobre des deux protagonistes (Claire Danes, alors quasi inconnue, et son «Roméo» DiCaprio, qui se débrouille pas mal) tranche avec les cabotinages de leurs covedettes (entre autres Harold Perrineau en Mercutio et Paul Sorvino en papa Capulet) et la mise en scène «clipesque» à la MTV, une chaîne qui avait honoré le film de quelques prix lors de son gala «cinématographique» annuel. Ajoutez à cela une bande sonore pour le moins éclectique, réunissant des grands (Radiohead, Prince et même Mozart) et quelques groupes des années 90 disparus dans la brume depuis, et vous obtenez une tragédie bigarrée qui a l'âge de ses héros...
Cinéma / Roméo et Juliette, Artv, 19h30