Poutine promet de faire la lumière sur le meurtre d'Anna Politkovskaïa

Vera Politkovskaïa (à droite), la fille de la journaliste assassinée, a réconforté une dame hier.
Photo: Agence Reuters Vera Politkovskaïa (à droite), la fille de la journaliste assassinée, a réconforté une dame hier.

Le président russe Vladimir Poutine a fustigé hier l'assassinat il y a trois jours, à Moscou, de la journaliste d'opposition Anna Politkovskaïa et promis de tout faire pour élucider ce crime qui a suscité des réactions dans le monde entier.

«Quel que soit celui qui a commis le crime, nous devons constater qu'il s'agit d'un acte épouvantable par sa cruauté», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse commune avec la chancelière Angela Merkel, en marge d'un forum germano-russe à Dresde.

Ce crime ne «doit pas rester impuni», a-t-il ajouté, alors que la journaliste, rendue célèbre pour sa couverture très critique de la politique russe en Tchétchénie, était inhumée à Moscou, en présence de plusieurs milliers de personnes.

Le président russe avait brisé la veille son silence à Moscou en déclarant dans un laconique communiqué que «les forces de l'ordre russes feraient tous les efforts nécessaires pour une enquête objective sur la mort tragique» de la journaliste.

Les obsèques

Plusieurs milliers de personnes, dont de nombreux collègues et des diplomates étrangers, ont assisté hier à l'inhumation d'Anna Politkovskaïa, une ardente avocate des droits de l'homme, spécialiste de la Tchétchénie.

Le Kremlin, qu'elle n'épargnait pas dans sa couverture du conflit tchétchène, n'a dépêché aucun représentant de haut rang à ses obsèques, célébrées au cimetière Troïekourovskoïe, dans la banlieue ouest de la capitale.

Les forces de l'ordre, qui se basent sur l'enregistrement d'une caméra de surveillance, sont toujours à la recherche de l'assassin. Parmi les collègues de Politkovskaïa et au-delà de la sphère journalistique, nombreux sont ceux qui dénoncent un crime politique, mais les hypothèses divergent quant aux commanditaires.

«C'était une femme unique dans la Russie d'aujourd'hui, où il n'y a qu'une poignée de gens honnêtes dans la politique et le journalisme», a déclaré Nikolaï Smirnov, un architecte de Saint-Pétersbourg, qui a accompli le voyage pour l'occasion.

«Malheureusement, c'est la fin d'une époque pour la presse russe et j'ignore ce qui attend celle-ci maintenant qu'Anna Politkovskaïa est morte», a-t-il poursuivi, tenant un bouquet d'oeillets rouges, malmenés par l'automne moscovite.

De nombreux chefs d'État, dont le président américain George W. Bush, ont vivement réagi à l'annonce de cet assassinat, tandis que les organisations non gouvernementales réclamaient une enquête indépendante et exhaustive.

Jacques Chirac a adressé une lettre de condoléances aux enfants de la journaliste. «L'odieux assassinat de votre mère [...] m'a bouleversé comme il a bouleversé les Français et tous les défenseurs de la liberté de la presse», y déclare le président de la République.

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