Dans le film de Ray Müller, Leni Riefenstahl a 90 ans. Elle en a maintenant 100. À juste titre, Artv a saisi l'occasion pour programmer à son antenne, après Télé-Québec l'année dernière, le portrait d'une femme hors du commun, qui passa surtout à l'histoire pour avoir été la cinéaste du IIIe Reich.

De son film Le Triomphe de la volonté (1937), qui conféra une légitimité esthétique à la pantomime de quelques histrions exaltés sur une estrade, Leni Riefenstahl n'est pas fière aujourd'hui. C'est du moins ce qu'elle affirme devant la caméra de Ray Müller qui, à plusieurs reprises, par l'insistance qu'il met à la renvoyer à son passé, la fera sortir de ses gonds. Mais faut-il croire les grandes séductrices? D'abord danseuse à succès dans les années 20, la jeune fille, très belle, arrive à convaincre le cinéaste Arnold Franck, alors l'un des plus en vue en Allemagne, de lui confier un premier rôle. La volonté, déjà, triomphe chez Leni Riefenstahl, et c'est la même détermination qui, à 90 ans, après lui avoir fait escalader les cimes, la décidera à plonger au fond des mers, à la recherche d'une autre forme de beauté à filmer.

Le malaise que suscite ce film ne tient pas à Ray Müller, qui aborde son sujet sans a priori mais avec lucidité, avec un résultat n'ayant rien du monument élevé à la gloire de quelque fétu de paille doué et ballotté par l'histoire. Le malaise vient plutôt du subtil ballet que danse cette vieille-jeune femme devant la caméra, tour à tour concédant, protestant, feignant, esquivant, bravant. Il n'empêche: ce n'est pas en refusant de filmer le congrès du parti nazi comme des actualités que l'on échappe à l'actualité. Et il ne suffit pas de détourner la tête quand l'histoire grimace. À la fin, quand on la voit caresser les requins au fond de l'océan, on s'étonne à peine, car on sait que ce n'est pas la première fois.

Samedi 12 octobre

Thema: Leni Riefenstahl

Artv, 20h