«American Born Chinese»: un drôle de récit initiatique

Sydney Taylor et Ben Wang dans la série «American Born Chinese»
Photo: Disney+ Sydney Taylor et Ben Wang dans la série «American Born Chinese»

Les premières images d’American Born Chinese intriguent : une course-poursuite phénoménale dans une nature montagneuse et rougeoyante s’estompe tandis que le téléspectateur atterrit au beau milieu d’une séance de magasinage entre une mère et son fils étudiant en fin de secondaire, Jin. Celui-ci, interprété par le jeune Ben Wang (Chang Can Dunk), est ainsi le héros de la nouvelle série de Disney+ qui voit sa vie basculer à jamais après la rencontre avec son nouveau camarade Wei-Chen, un Taïwanais en voyage scolaire aux États-Unis, par ailleurs descendant d’un dieu mythologique… Que le public ait le coeur bien accroché, les scènes de kung-fu qui s’enchaînent au fil des épisodes sont mémorables !

La comédie familiale est en réalité l’adaptation du roman graphique American Born Chinese, signé par Gene Luen Yang en 2006. Après quelques tergiversations, l’auteur a finalement décidé de se lancer dans l’aventure pour Disney+.

« Je pense que chaque média a ses propres forces et les personnes dont le travail est d’adapter doivent bien comprendre cela, car ce qui fonctionne dans une bande dessinée ne marche pas nécessairement dans le format cinématographique », explique-t-il. Celui qui est aussi l’un des producteurs délégués de la série estime que les langages visuels entre l’original et la nouvelle version sont certes très différents, mais que les défis ont été relevés.

« Le travail d’équipe fourni pour la série est un rêve qui devient réalité », assure Melvin Mar, qui en est également coproducteur délégué. Et d’ajouter : « Je dis toujours que tout ça a été possible parce que nous avions une excellente matière première, qui est le livre de Gene, et puis il y a eu l’incroyable scénario et des réalisateurs tout aussi à la hauteur. » Pour lui, l’adaptation est brillamment réussie, car elle va au-delà de la simple transposition de la bande dessinée à la télévision. « L’essence du récit est toujours palpable », affirme-t-il.

« Ces deux dernières années, j’ai attentivement observé les gens s’amuser devant et derrière la caméra, s’impliquer corps et âme dans cet American Born Chinese », confie Gene Luen Yang. Du créateur de la série, Kelvin Yu, et ses scénaristes aux concepteurs visuels, il se félicite que tout le monde ait mis un peu de lui-même dans la série. « Ça se sent vraiment à l’écran ! Quand je regarde le résultat final de la série, je vois tout ce qu’il y a derrière », dit-il.

Par exemple, il se souvient que le coordinateur de combats a mis son coeur à l’ouvrage pour que « le combat soit bien plus qu’un simple combat ». À ce propos, l’acteur Daniel Wu (La légende du scorpion noir), qui tient le rôle de Sun Wukong, « le roi singe », se souvient d’une ambiance digne des plateaux de tournage de films d’action de Hong Kong, de Taïwan ou de Chine. « Des scènes formidables de kung-fu ont été conçues et c’est tout aussi impressionnant de les jouer que de pouvoir les voir. » Ce proche de Jackie Chan révèle que des technologies de pointe ont pour l’occasion été utilisées, comme des câbles et des harnais qui ont notamment été adoptés par le Cirque du Soleil. « En fait, American Born Chinese est une parfaite combinaison de ce qu’on fait à Hong Kong et des techniques occidentales », s’enthousiasme-t-il.

Michelle Yeoh, éclatante

De son côté, Melvin Mar est reconnaissant d’avoir pu prendre part au projet. « J’ai été assez chanceux pour assister à plusieurs prises lors des tournages et chaque fois, je me suis senti comme dans ma famille », souligne-t-il. Selon lui, puisque chacun en a fait une affaire très personnelle, American Born Chinese n’en est que plus universel. « Vous n’avez pas besoin d’être Asiatique ou Chinois ou Américain, car l’histoire est assimilable par tous », fait remarquer le coproducteur.

La présence de Michelle Yeoh au générique ne passe pas inaperçue et participe, de fait, à l’universalité de la série. « Michelle a été convaincue de nous rejoindre par notre réalisateur, Destin Daniel Cretton. C’était avant le succès du long métrage Everything Everywhere All at Once, mais elle était déjà une icône mondiale », indique Melvin Mar. Avec un Oscar désormais à l’actif de la comédienne qui en est un personnage principal, la portée d’American Born Chinese ne peut être que plus grande.

« Quand l’époque a suffisamment évolué et que des changements sont toujours en cours, voire qu’il y a encore des améliorations possibles, les personnes créatives comme Gene Luen Yang, Kelvin Yu et Destin Daniel Cretton sont plus que jamais légitimes pour raconter leurs histoires », croit enfin Melvin Mar.

Près de 18 ans après la sortie de son roman graphique, qui se déroulait dans les années 1980, Gene Luen Yang a souhaité apporter des modifications au récit initial. « Il y a forcément eu des impacts sur la série, car le débat public qui concerne les Américains d’origine asiatique n’est aujourd’hui plus le même », soulève-t-il. Gene Luen Yang estime que des personnalités comme Michelle Yeoh y sont pour quelque chose. « Elle s’est battue bec et ongles pour se rendre là où elle est aujourd’hui et a tracé le chemin pour que le public considère les Américains d’origine asiatique comme des êtres humains tridimensionnels capables d’être les protagonistes d’une fiction », poursuit-il.

Et puis, la bonne équipe et, surtout, le bon moment se sont présentés à lui. « Pendant très longtemps, les studios hollywoodiens n’étaient tout simplement pas intéressés par les histoires qui concernent les Américains d’origine asiatique. Nos histoires sont maintenant assez importantes et assez populaires pour être portées à l’écran, comme avec American Born Chinese », conclut Gene Luen Yang.

American Born Chinese

Disney+, dès le 24 mai

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