«The Mother»: J.Lo en maman ours

Dans un lieu supposément sûr, une femme prévient les agents du FBI avec qui elle a accepté de collaborer que l’endroit est sur le point d’être attaqué. Ce qui se produit, non sans que la femme, qui demeurera anonyme, réussisse, comme on s’y attend, à tuer tous les assaillants. « Comme on s’y attend » est en l’occurrence un concept clé dans The Mother (La mère), un film d’action mettant en vedette Jennifer Lopez qui s’avère tellement générique qu’il pourrait avoir été scénarisé par ChatGPT.
Il n’en est pourtant rien. Même que c’est tout le contraire, puisque cette production Netflix a été écrite par Misha Green (la série Lovecraft County), Andrea Berloff (coscénariste nommée aux Oscar pour Straight Outta Compton) et Peter Craig (coscénariste de The Batman et de Top Gun Maverick). Et pourtant, tous ces gens talentueux se sont bornés à pondre un récit aussi prévisible que bourré de clichés. De l’adolescente revêche, mais vulnérable au fond, au montage d’entraînement dans la nature incontournable depuis Commando et Rocky IV, tout y passe.
On suit donc cette héroïne sans nom, une ex-tireuse d’élite de l’armée, qui, pour des raisons qu’on taira, est pourchassée par un trafiquant d’armes sadique au visage scarifié (afin qu’on comprenne bien qu’il est le méchant). Unidimensionnel, inintéressant, ce rôle ne donne pas grand-chose à faire à Joseph Fiennes, hormis grimacer.
Le talon d’Achille de la protagoniste, d’où le titre, est qu’elle a une fille.
Abandonnée à sa naissance pour sa propre sécurité, cette enfant a 12 ans lorsque ledit méchant retrouve sa trace et la kidnappe afin de contraindre « la mère » à sortir de sa planque.
Aucune identité visuelle
Or, comme le découvrira à ses dépens — comme on s’y attend — le vil trafiquant, celle qui vit en ermite au fond des bois où elle se nourrit de caribous et de lièvres est une « maman ours » redoutable.
Le film a été réalisé par la Néo-Zélandaise Nicki Caro, qui épata jadis avec le récit initiatique féministe Whale Rider (La légende des baleines), avant de voir sa personnalité artistique absorbée par Hollywood dans des productions tantôt oubliables, comme North Country (Le vent du Nord), tantôt honorables, comme Mulan. Pour sa part, The Mother est dénué de toute forme d’identité visuelle. Exception faite d’une poignée d’images de cartes postales montrant les forêts enneigées de la Colombie-Britannique, aucune séquence, aucun plan ne témoigne d’une quelconque vision ou intention.
C’est de la saucisse pour plateforme numérique, avec une star (la toujours charismatique « J. Lo »), des fusillades, des explosions, et des poursuites (de piètres imitations de celles vues dans les sagas Bourne ou Mission: Impossible), suffisamment fréquentes pour ne jamais ennuyer ou donner envie de passer à une autre production formatée. Bref, c’est là un film qu’on connaît par coeur avant même de l’avoir vu.