La génération Z a beaucoup à apprendre à ses aînées

Une photo tirée du nouveau magazine «On est rendu là», à l’antenne et en ligne d’Unis TV et en balado sur Ohdio!, qui donne la parole à la jeunesse «engagée» au Canada
Photo: Unis TV Une photo tirée du nouveau magazine «On est rendu là», à l’antenne et en ligne d’Unis TV et en balado sur Ohdio!, qui donne la parole à la jeunesse «engagée» au Canada

On est rendu là. « C’est une expression qu’on dit constamment. On est rendu là comme société et, que tu le veuilles ou pas, deal avec ça », lance Jordan Dupuis à propos de sa série documentaire, qu’il coanime avec deux autres personnes, millénariales elles aussi, également représentantes de la diversité, Vanessa Duchel et Anne-Lovely Étienne.

Cette dernière décrit une volonté, avec l’émission diffusée sur Unis TV, d’aller ouvrir le dialogue avec la génération Z francophone pancanadienne. « Elle est complètement fière de qui elle est. On dirait qu’il n’y a presque plus de tabous, que leur normalitén’est pas la même que la nôtre à l’époque », indique-t-elle.

En donnant la parole à ces jeunes qui ont de l’audace et une sagesse d’acier, le trio veut participer à l’éveil des consciences sociales. « On est rendu là », confirme une Anne-Lovely Étienne pleine d’espoir envers l’avenir. « Ils et elles sont juste des êtres humains qui essaient de vivre leur vie et qui disent haut et fort qu’il est temps de faire place au changement, notamment pour l’environnement. Quand j’y repense, ce n’est pas un enjeu auquel j’étais nécessairement sensibilisée », constate-t-elle.

« On critique beaucoup la génération Z, jugeant qu’elle passe son temps sur les téléphones et sur les tablettes, qu’elle est trop superficielle, que ce sont des rois qui ne veulent pas travailler… Bref, ce ne sont que des stéréotypes et des caricatures », fait remarquer Anne-Lovely Étienne, qui promet, avec son émission, de « démystifier tout ça ». Si, selon elle, les millénariaux sont probablement « les baby-boomers de la génération Z », l’idée d’On est rendu là est de bâtir des ponts entre tous les âges pour « s’ouvrir et cultiver la volonté d’être ensemble ».

Et son collaborateur de préciser : « On est très inspirés par cette jeunesse sans compromis et on est fascinés par cette génération inclusive, mais aussi hyperexigeante. » Pour Jordan Dupuis, les aspirations des jeunes adultes se justifient par le fait qu’ils ont hérité « d’une planète qui pourrit » et « d’un contexte économique en mauvais état ».

« Ils sont arrogants à leur façon, mais sont surtout extrêmement attachants et tournés vers l’humain. Ils peuvent également avoir Kylie Jenner comme modèle pour certaines choses, tout comme Greta Thunberg pour d’autres. Ils sont pluriels », souligne l’animateur, visiblement admiratif devant ses cadets. Car renverser la posture de l’enthousiasme pour la nostalgie, c’est aussi ça, On est rendu là. « Mon Dieu qu’on aurait aimé avoir ces modèles quand on avait 14-15 ans », indique Anne-Lovely Étienne.

On critique beaucoup la génération Z, jugeant qu’elle passe son temps sur les téléphones et sur les tablettes, qu’elle est trop superficielle, que ce sont des rois qui ne veulent pas travailler… Bref, ce ne sont que des stéréotypes et des caricatures.

 

Une nouvelle perspective

Pour ce faire, Vanessa Duchel, Anne-Lovely Étienne et Jordan Dupuis évoquent des thèmes grand public, d’une manière toutefois inédite, rarement lue, vue ou entendue. « Quand on parle d’image corporelle, oui, bien sûr, il y a la grossophobie et le rapport au poids, mais, dans notre épisode, on a décidé de faire les choses différemment, parce que l’image corporelle, ce n’est pas juste ça », explique l’animateur.

Ce qui l’intéressait, par exemple, c’était la corporalité dans un corps trans, « avec le rapport au corps qui change », comme c’est le cas pour Lé Bernier, 16 ans, dont il brosse le portrait pour l’occasion. « J’ai beaucoup pleuré pendant le tournage, confie-t-il, parce qu’à cet âge-là, si j’avais eu une dixième de sa confiance en lui, ma vie aurait été complètement différente. » L’entrevue avec l’étudiant l’a d’autant plus surpris que ce dernier avoue ne pas subir de transphobie dans son école, qui compte quatre personnes trans et un comité LGBTQ+.

« Ces jeunes-là n’existent pas dans l’oeil des personnes plus âgées », regrette cependant Jordan Dupuis. Pour cette raison, il était essentiel qu’On est rendu là soit regardée par plusieurs générations en même temps devant leur poste de télévision. « C’était important que le co-viewing de l’émission fonctionne bien, parce que pour moi il ne s’agit pas d’une émission jeunesse, mais bien familiale », souligne-t-il. Puisque la génération Z « torche complètement des médias traditionnels », des balados et capsules numériques complémentaires au magazine ont aussi été pensés pour satisfaire l’appétit médiatique non traditionnel de la jeunesse et « générer des discussions entre les générations ».

Transportée par les nombreuses conversations qu’elle a eues, Anne-Lovely Étienne convoiterait presque cet élan émancipateur de la génération Z. « On se dit qu’on veut être comme eux », lance-t-elle avec amusement, alors que les plus vieux « ne sont même pas capables de faire la différence entre l’identité de genre et l’orientation sexuelle. Il y a tout un lexique à apprendre », note-t-elle.

À ce propos, Jordan Dupuis salue la volonté actuelle de dire les choses telles qu’elles sont. « Ces jeunes ont le désir de nommer correctement les choses pour bien comprendre l’environnement, soutient-il. Nommer ne veut pas dire ostraciser, mais reconnaître l’existence de ce qui existe… » D’après lui, cette démarche est primordiale pour avoir une bonne cohésion sociale. Plus que jamais, on peut donc le dire : on est rendu là !

On est rendu là

Unis TV, le vendredi, 19 h, dès le 19 mai, et tv5unis.ca

À voir en vidéo