«Silo»: un air toxique

L’actrice Rebecca Ferguson dans la série «Silo»
Photo: Apple TV+ L’actrice Rebecca Ferguson dans la série «Silo»

« Ce qui m’a séduite dans Silo, c’est l’environnement dont sont prisonniers les personnages et chaque étape de l’aventure dans laquelle ils se retrouvent », dit d’emblée Rebecca Ferguson en entrevue. L’actrice suédoise, grande habituée des succès au box-office (la franchise Mission: Impossible, La fille du train) et des films de science-fiction (Dune, Life. Origine inconnue) ne boude pas son plaisir de jouer dans la plus récente série d’Apple TV+, créée et écrite par Graham Yost (Clanches) et réalisée par Morten Tyldum (Le jeu de l’imitation).

Adaptation du roman du même nom de Hugh Howey, on y suit une civilisation d’un futur postapocalyptique qui n’a d’autre choix, pour survivre à la toxicité de l’air extérieur, que de se reclure dans un gigantesque silo souterrain ultrasécurisé. La seule image de ce dehors interdit et dangereux provient d’une caméra de surveillance qui retransmet en direct les « exécutions » des condamnés à la peine capitale pour violation de l’ordre établi…

Les morts d’Allison (Rashida Jones) et de son conjoint, le shérif Holston (David Oyelowo), qui s’effondrent après quelques pas à l’air libre seulement, à deux ans d’intervalle, vont cependant alerter la mécanicienne Juliette Nichols, incarnée par Rebecca Ferguson. « Mon personnage embarque corps et âme dans un voyage émotionnel. Cette introvertie, un peu froide, mais surtout brillante et indépendante, doit sortir de sa zone de confort pour remettre en question ce qu’elle croit être un mensonge et trouver la véritable réalité », indique-t-elle.

Les décès suspects d’Allison et d’Holston, d’abord qualifiés de suicides, forcent ainsi la protagoniste à s’affirmer au sein de la microsociété du silo. « Juliette est persuadée qu’il y a certainement d’autres raisons qui pourraient expliquer ces disparitions et qu’une autre vérité doit voir le jour », ajoute la comédienne. Durant les deux premiers épisodes, les spectateurs apprennent en effet que si le défunt couple n’a pas réussi à concevoir d’enfant, c’est qu’il existe très probablement un organe secret d’encadrement et de « tri » des grossesses.

« On voit rapidement que les naissances sont manipulées grâce à une pilule contraceptive bien spéciale », relève à ce propos l’interprète de Juliette Nichols. Si la société donnée à voir dans la fiction ne semble pas très égalitaire, Rebecca Ferguson fait remarquer qu’elle l’est cependant un peu plus que notre monde contemporain. « Il y a beaucoup de femmes puissantes dans la série. Lorsqu’il s’agit de détention du pouvoir, on se rend toutefois vite compte que ce sont les hommes qui ont le contrôle des interdictions », soulève celle dont le personnage féminin en bas de l’échelle est à l’origine de l’impulsion du changement. « C’est bien joué de la part de Hugh Howey d’avoir écrit un personnage aussi bad ass, que j’ai pu recréer à l’écran comme je l’entendais avec la confiance de Graham Yost, un homme brillant », se réjouit-elle.

Et de poursuivre : «C’est intéressant que la série se passe dans un environnement d’où on ne peut pas s’échapper. Sans tomber dans la spirale du débat politique, c’est d’autant plus curieux d’observer Silo à l’aune d’une l’échelle mondiale, quand on sait qu’il y a actuellement un retour massif des restrictions des droits des femmes.»

Une double casquette

 

En plus d’incarner la féministe Juliette Nichols, Rebecca Ferguson occupe le poste de productrice exécutive de Silo. Une première pour elle. « Ce rôle est arrivé plus tard dans le processus de la série. J’ai pris très à coeur l’apprentissage de cette nouvelle fonction et j’ai eu la chance d’être entourée d’une équipe de producteurs phénoménale », souligne-t-elle.

Participer à l’adaptation du roman en série des deux côtés de la caméra a même permis à l’actrice de gagner en endurance. « Parfois, cela arrive que dans la vie, bien que nous soyons à la bonne place, là où nous devons être, nous ayons aussi envie d’aller plus loin, de nous dépasser. » Elle confie par ailleurs avoir adoré être membre à part entière « de la salle de créativité » afin d’établir les grandes lignes de Silo.

Quand on lui demande enfin pourquoi elle semble privilégier le genre de la science-fiction dans ses choix de carrière, Rebecca Ferguson répond spontanément que ce sont des rôles qui viennent naturellement à elle. « Si on décompose tout et qu’on observe au microscope les univers de science-fiction, on voit que leurs auteurs sont comme un maestro qui conduit son orchestre. C’est très impressionnant. J’aime quand de telles occasions se présentent à moi. »

Elle s’enthousiasme de la façon singulière de raconter les histoires dans les mondes de science-fiction. « Les écrivains et scénaristes de science-fiction sont géniaux, car ils sont capables d’inventer des espaces inédits qui intègrent des enjeux auxquels nous pouvons tous nous identifier », conclut-elle au sujet des Silo de Hugh Howey et de Graham Yost.

Une promesse haletante

Dix ans après la parution du premier tome de Silo, signé Hugh Howey, et une pandémie — tout comme d’innombrables confinements — plus tard, la série créée par Graham Yost tient en haleine le public, c’est le moins que l’on puisse dire. Dans un décor dystopique et oppressant à couper le souffle, on plonge au coeur d’un silo très hermétique afin de faire la connaissance d’Allison et de Holston, un couple en mal d’enfant dont la paranoïa va les conduire directement vers la mort… Très vite, on sait pourtant que quelque chose ne tourne pas rond : les dirigeants agissent comme des tyrans et leurs exécutants ont une forte tendance à l’excès de zèle. Ce que tous considéraient comme un accès de folie est alors remis en question par l’impertinente Juliette Nichols, qui lève le voile sur un monde finalement pas si éloigné de nos sociétés occidentales… Droits des femmes, rapport aux informations — vraies ou fausses — ou encore pouvoir de l’image sont donc au rendez-vous de cette série captivante.

Silo

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