Sur vos écrans: triste réalité

Un patrimoine inestimable
Karen Cho, descendante de cinquième génération des Lo Wah Kiu, les Chinois d’outre-mer, poursuit son exploration de l’identité, de l’immigration et de la justice sociale dans un documentaire fascinant consacré à l’un des quartiers les plus emblématiques de Montréal. Près de vingt ans après In the Shadow of Gold Mountain, où elle s’intéressait à l’époque à l’expérience d’arrivée des Chinois au Canada, notamment avec les effets de la taxe d’entrée et la Loi d’exclusion, la réalisatrice sino-canadienne brosse aujourd’hui le portrait d’un quartier chinois contemporain menacé de toutes parts.
Haute tension à Chinatown (V.F. de Big Fight in Little Chinatown) aborde ainsi les conséquences de la récente pandémie sur un quartier déjà fragilisé par l’embourgeoisement du Montréal populaire, les fermetures à répétition des restaurants et des commerces, la frénésie de l’immobilier, le développement urbain, etc. Dans une tentative réussie d’expliquer au mieux l’état actuel de la situation, et peut-être esquisser des pistes de réflexion pour le futur, Karen Cho a choisi de se replonger dans le passé florissant et animé du quartier chinois, longtemps reconnu comme un espace sûr et prospère pour les communautés racisées de Montréal.
Plus encore, la cinéaste s’est aussi rendue dans le Chinatown de New York, coincé lui aussi entre un passé faste et un avenir incertain, de plus en plus précaire, pour établir des parallèles et, surtout, montrer les coulisses d’un combat discret mené par ses habitants pour protéger leur culture et leur foyer. De retour à Montréal, Karen Cho donne également la parole aux membres de la communauté locale qui n’ont pas toujours le même point de vue quant au devenir de leur quartier, traduisant, de fait, un documentaire d’autant plus captivant.
À noter enfin que, contrairement à sa forme initiale projetée l’année dernière à DOC NYC, au festival Reel Asian de Toronto et aux RIDM, Haute tension à Chinatown est présenté par Radio-Canada dans une version courte d’une heure et doublée en français.
Haute tension à ChinatownICI Télé, le samedi 29 avril, 22 h 30, ICI Tou.tv, dès le samedi 29 avril
Les vices d’un faux chaman « amérindien »
La série documentaire d’Yvonne Debeaumarché et d’Hannu Kontturi propose aux téléspectateurs de se plonger dans les entrailles d’une secte environnementaliste qui a fait des ravages en Europe entre les années 1980 et 1990. D’abord diffusée en Belgique et en France, Gaïaland accède désormais aux ondes du Canada, pays d’où est originaire Pierre Doris Maltais, gourou d’Ecoovie. Le Québécois, qui a emprunté diverses identités à travers le monde et le temps, comme Norman William et Piel « Petjo » Maltest, s’est longtemps fait passer pour un chaman « amérindien », descendant soi-disant des Micmacs et des Algonquins, pour séduire, puis manipuler, de jeunes Européens idéalistes soucieux de prouver qu’un mode de vie hors du capitalisme est possible. Accompagnée par les conseils, ou plutôt les ordres, de son « guide spirituel », la « tribu » installée en banlieue de Paris ouvre un réseau de magasins bios, pratique assidûment le véganisme, la sobriété et vit recluse en forêt sous des tipis.
Alerté par les critiques croissantes de la presse et de l’entourage des membres de sa secte, Pierre Doris Maltais enjoint toutefois à ses « disciples » d’entamer une marche autour du globe pour répandre leur vision écologiste et l’espoir d’une vie meilleure. Une activité dont il ne sera, évidemment, pas de la partie… Après une dizaine d’années d’errance en Europe, dont en Italie, la communauté part pour la Finlande afin de vivre pleinement son utopie en harmonie avec la nature, toujours selon les principes « amérindiens » dictés par son leader. Trois décès tragiques — dont celui d’un enfant de trois ans — plus tard, la secte Ecoovie finit par découvrir le pot aux roses et se désagrège.
Les quatre épisodes d’une heure de Gaïaland sont ainsi tous plus palpitants les uns que les autres grâce aux témoignages sans langue de bois d’anciens adeptes de la secte. Quant à Pierre Doris Maltais, s’il n’est jamais allé en prison pour ses crimes, il aura au moins accordé une entrevue il y a quelques décennies à TVA, dans laquelle il paraît insensible et outrageusement menteur à donner froid dans le dos.
GaïalandPlanète+, mercredi, 21 h, dès le 3 mai
Mais aussi…
Évincés. Les aînés contre-attaquent retrace la lutte de quelques locataires montréalais pour pouvoir rester dans leur logement. Il s’agit en effet des aînés de la résidence Mont-Carmel, qui ont appris la fermeture de leur RPA en recevant un avis d’éviction en 2022. Le documentaire d’Alexis Chartrand et de Noémi Mercier dévoile entre autres la mise en place de leur résistance face à leur nouveau propriétaire, un promoteur immobilier à la réputation de « roi des rénovictions ».
Sur un autre ton, 20 h 30 chez Mathieu suit les trentenaires Phil, Vincent, Mel, Carl et Vanessa qui se retrouvent après le décès de leur ami du secondaire Mathieu, avec qui ils formaient un groupe à toute épreuve. Ensemble, ils se souviennent, un brin nostalgiques, d’une fête bien spéciale qui avait eu lieu en 2005. Cette série dramatique de François Robidoux-Descary pour Noovo met en vedette Zakary Auclair, Benjamin Déziel, Xavier Roberge, David Strasbourg, Charlie Laplante et Catherine St-Laurent.
Évincés. Les aînés contre-attaquentCrave, dès le mercredi 3 mai
20 h 30 chez Mathieu
Noovo.ca, dès le lundi 1er mai
Et dans la série des remakes
L’industrie du remake est une affaire qui roule rondement à Hollywood. Après la toute récente adaptation du film Dead Ringers de David Cronenberg par Alice Birch en une minisérie pour Prime Video, c’est la Paramount qui s’attaque à Fatal Attraction, grand classique du cinéma américain des années 1980. Cette fois, Joshua Jackson (Dawson’s Creek) reprend le rôle de Michael Douglas pour incarner Dan Gallagher, et Lizzy Caplan (Fleishman Is in Trouble) succède à Glenn Close en Alex Forrest.
Fatal AttractionParamount+, dès le dimanche 30 avril