«Dear Edward»: Survivre et puis revivre ensemble

Colin O’Brien et Taylor Schilling dans la série «Dear Edward»
Photo: Apple TV+ Colin O’Brien et Taylor Schilling dans la série «Dear Edward»

« Il ne faut pas avoir peur de dire que Dear Edward porte essentiellement sur le chagrin », explique Jason Katims. Cet homme fort du petit écran aux États-Unis, à qui l’on doit notamment Roswell, Friday Night Lights et As We See It, vient tout juste d’adapter le roman d’Ann Napolitano paru en 2020, N’oublie pas de vivre, dans une série poignante pour Apple TV+. Edward Adler, 12 ans, est ainsi le seul survivant d’un accident d’avion qui s’est produit dans les montagnes du Colorado. Alors qu’il voyageait de New York à Los Angeles avec son frère et ses parents, celui qui est désormais surnommé « le garçon miracle » se retrouve orphelin, sérieusement blessé et traumatisé. Mais pas abandonné pour autant.

« J’ai adoré le livre, c’était si beau et émouvant », lance avec enthousiasme le créateur de Dear Edward. Selon lui, et bien au-delà de la tragédie humaine, sa série montre la puissance de notre esprit quand il est question de solidarité et de notre capacité à nous élever, peu importe ce que le destin nous réserve. « Je pense que tout un chacun peut s’y retrouver. »

Ce qui a d’abord interpellé Jason Katims à la lecture de N’oublie pas de vivre est que l’autrice américaine a choisi comme personnage principal de son récit un enfant. « Ce garçon de 12 ans traverse des épreuves très difficiles en peu de temps et il a beaucoup à gérer », souligne-t-il, lui qui est tombé instantanément sous le charme d’Edward tout comme du comédien qui lui prête ses traits, Colin O’Brien (prochainement dans Wonka, de Paul King). Et de poursuivre : « C’est incroyable de voir ce brillant acteur s’approprier son rôle et l’incarner comme il l’a fait dans la série. »

La perspective d’introduire dans Dear Edward de nouveaux personnages est arrivée très rapidement, car, de mon point de vue de scénariste, il était nécessaire de dramatiser l’après-écrasement, cette vie qui continue.

Les relations profondes que ce dernier tisse avec sa tante Lacey, touchante Taylor Schilling (Orange Is the New Black), et sa nouvelle voisine adolescente Shay, impétueusement interprétée par Eva Ariel Binder (Grey’s Anatomy), sont pour Jason Katims autant d’occasions en or d’explorer des histoires magnifiques et complexes à la télévision. « J’ai été ému par le concept forgé par Ann Napolitano en lien avec la parentalité. Lacey, qui essaie d’avoir des enfants depuis une dizaine d’années, voit soudainement — et littéralement ! — son neveu tomber du ciel », dit-il. D’après lui, il s’agit de la métaphore par excellence de la vie, toujours pleine de surprises, de félicité aussi, au moment où l’on s’y attend le moins.

Le pari de l’adaptation

Quand il adapte les oeuvres des autres en séries, Jason Katims se demande toujours comment son écriture peut enrichir l’intrigue, la pousser plus loin, dans sa propre direction. « La perspective d’introduire dans Dear Edward de nouveaux personnages est arrivée très rapidement, car, de mon point de vue de scénariste, il était nécessaire de dramatiser l’après-écrasement, cette vie qui continue. » De son imaginaire a alors éclos toute une communauté de personnes qui interagissent et qui influent sur l’existence les unes des autres. Le personnage de Dee Dee Cameron, cette matérialiste au grand coeur et veuve d’une victime de l’écrasement, est l’une de ses inventions pour la série. « J’ai toujours aimé l’idée d’avoir un personnage comme elle dans mes créations : sérieuse, mais pleine de vie et d’humour », confie-t-il.

Jason Katims estime à ce propos que le jeu de Connie Britton (The White Lotus) a permis à sa protagoniste d’atteindre un niveau supérieur. L’actrice admet avoir pris un réel plaisir à personnifier Dee Dee, le créateur lui faisant entièrement confiance. « J’ai adoré avoir l’occasion de manipuler une gamme complète d’émotions et de trouver le bon dosage pour chacune d’entre elles. La colère, l’amour, le désarroi, la douceur, la furie, la perte de ce qui lui est cher font, par exemple, partie de la palette que j’avais à ma disposition », évoque-t-elle.

Connie Britton avoue également avoir mis énormément de son caractère dans Dee Dee : « Elle est issue d’un milieu très privilégié, mais elle ne manque jamais d’empathie. » Avec un peu de recul, la comédienne parle même de Dear Edward comme de l’un des défis les plus marquants de sa carrière, où il fallait sans cesse se dépasser afin de capturer le désordre de la vie. « Mon personnage se voit priver de son confort, mais il n’en demeure pas moins fort et persévérant », relève-t-elle aussi.

L’union fait la force

Très vite dans la série, les histoires d’Edward, Lacey, Shay ou encore Dee Dee deviennent, de ce fait, celles d’un ensemble de résiliences. « Mes personnages surmontent, particulièrement avec l’aide et le soutien des autres, cette époque bouleversante et difficile qu’est la nôtre », précise Jason Katims. Selon Connie Britton, l’éclat de Dear Edward se distingue aussi par les multiples relations qui s’établissent au fil des épisodes. « La communauté est primordiale. Grâce à elle, le reste de la distribution et moi pouvons montrer que nous sommes toujours plus solides que ce que nous croyons d’abord », signale-t-elle. Par conséquent, les épreuves que tous affrontent, chacun à sa façon, les poussent à avancer. « Les individus découvrent une force intérieure et universelle qu’ils ne connaissaient pas », ajoute l’actrice.

Parce que la perte et le deuil sont, un jour, inévitables, Dear Edward aborde de front la peine et la douleur, deux aspects qui, d’après Jason Katims, manquent cruellement dans la culture populaire. « Qu’arrive-t-il ensuite ? se demande-t-il. J’étais constamment animé par cette idée d’aller de l’avant. » C’est pourquoi malgré la tragédie, les personnages de la série partagent un délicat espoir et une bienveillante tranquillité, ceux que l’on trouve dans nos familles « choisies ».

Dear Edward

Apple TV+, dès le vendredi 3 février

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