Les 15 séries marquantes de 2022

Quinze séries pour canaliser le meilleur d’une année télé traversée de grandes noirceurs et de fortes lumières. Une sélection de Manon Dumais, Amélie Gaudreau, Amélie Revert, Louise-Maude Rioux Soucy et Sonia Sarfati.
Andor
Tant du côté de Marvel que de celui de Star Wars, Disney a généreusement alimenté sa plateforme télé… mais à l’arrivée, ce qui s’annonçait prometteur (Ms. Marvel, Moon Knight, She-Hulk et Obi-Wan Kenobi) s’est souvent révélé un pétard mouillé. L’exception, et elle a l’envergure d’un feu d’artifice, est Andor. Créé par Tony Gilroy, cet antépisode de Rogue One permet de découvrir le passé de Cassian Andor (Diego Luna) alors que l’Alliance rebelle est en voie de formation. C’est aussi sombre que brillant. Sur Disney+. (S.S.)
The Sandman

Une orgie de fantastique était au menu de la rentrée automnale. Très attendues mais reçues avec des bémols, The Rings of Power (Prime Video) et House of the Dragon (Crave) ont ouvert de nouvelles portes sur des mondes connus. Et là s’est pointé The Sandman, adaptation de la fresque en 75 volumes écrite par Neil Gaiman et illustrée par nombre d’artistes. Joie et soulagement : les premiers tomes de ce chef-d’oeuvre réputé inadaptable ont été portés à l’écran dans un spectaculaire sans-faute. Sur Netflix. (S.S.)
The House

Imaginons un croisement entre The Nightmare Before Christmas et Fantastic Mr. Fox. Le résultat, tantôt rigolo, tantôt angoissant mais toujours riche en thèmes, pourrait s’intituler The House. Trois épisodes, trois époques, une seule maison. Sa construction. Sa mise en vente. Son délabrement. Ses habitants, leurs valeurs, leurs travers. Et, à l’écriture comme à l’animation image par image (stop motion), une équipe majoritairement féminine venue d’Angleterre, de Belgique et de Suède. Une grande petite série. Sur Netflix. (S.S.)
Heartstopper

Une histoire d’amour douce et belle, où de graves questions sont abordées sans drame et avec beaucoup de coeur. En présence, Charlie et Nick. Le premier est sorti du placard et, s’il a le coeur à la bonne place, il se l’est fait écrabouiller à quelques reprises. Le second est le joueur étoile de l’équipe de rugby de l’école et son coeur qui bat ainsi pour Charlie le prend par surprise. Basée sur la bédé d’Alice Oseman, Heartstopper est conçue pour eux (les ados), mais est assez forte pour tous. Sur Netflix. (S.S.)
STAT et Indéfendable

STAT ou Indéfendable : telle est la question que se sont posée les téléspectateurs au cours de l’automne. Malgré les critiques négatives, les deux quotidiennes, qui se sont livré une chaude lutte, ont eu chacune 1,2 million de téléspectateurs. Si les intrigues médicales de l’hôpital Saint-Vincent ont souvent eu une légère avance sur les causes défendues par le cabinet Lapointe-McDonald, aucune des quotidiennes n’a encore battu le 1,7 million de spectateurs de District 31. Sur ICI Télé et sur TVA. (M.D.)
Chouchou

S’il y a une série qui en a troublé plus d’un, c’est bien celle de Simon Boulerice. Inspirée de l’affaire Mary Kay Letourneau, Chouchou relate un cas d’abus sexuels sur mineur, celui d’une enseignante (Évelyne Brochu) envers son élève de 17 ans (Lévi Doré), sous la forme d’une liaison sentimentale. Réflexion nuancée sur la notion de consentement, la série déconstruit la romance en démontrant les effets dévastateurs d’une telle relation, tant du côté de l’agresseuse que de celui de la victime. À noovo.ca. (M.D.)
Inventing Anna

Les faits divers les plus scandaleux, scabreux ou monstrueux fascinent le commun des mortels et les créateurs de séries. Sans craindre de tordre le réel, ces derniers ont raconté avec légèreté la saga judiciaire autour de la sextape d’une starlette et d’une rock star (Pam & Tommy sur Disney+), avec glamour les machinations d’une arnaqueuse allemande (Inventing Anna) et dans une glauque fresque fragmentée le destin d’un tueur en série (Dahmer – Monster: The Jeffrey Dahmer Story). Sur Netflix. (M.D.)
Severance

Chez Lumon Industries, on ne badine pas avec le droit à la déconnexion. Ses employés ont consenti à une chirurgie de dissociation séparant parfaitement souvenirs professionnels et souvenirs personnels. La série d’anticipation — assurément la meilleure surprise de l’année — multiplie les décalages narratifs pour mieux raconter l’aliénation au travail. Mieux, elle fait cela avec un plaisir féroce, grâce à un jeu proprement déroutant et à une esthétique à la froideur sublime. Vivement la suite ! Sur AppleTV+. (L-M.R.S.)
Avant le crash

Campée dans le milieu carnassier de la finance, cette série écrite au scalpel par Éric Bruneau et Kim Lévesque Lizotte s’intéresse moins à l’argent qu’à ceux qui s’imaginent pouvoir en jouer à leur guise. Le miroir qu’elle tend rend un reflet peu aimable de l’humain, cet être souvent vil, matérialiste, cupide et insatiable. Le réalisateur, Stéphane Lapointe, parle, lui, d’un « thriller existentiel », et c’est exactement ce qu’on retient de cette fabuleuse série qui sonde nos âmes sans complaisance. Sur ICI Tou.tv. (L-M.R.S.)
La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé

On attendait beaucoup de la première série télé de Xavier Dolan. Les attentes ont été comblées, et même dépassées. Son adaptation du drame familial de Michel Marc Bouchard, portée par sa distribution originale à laquelle se joignent Dolan lui-même et Anne Dorval en figure maternelle, constitue un magnifique objet télévisuel tortueux et envoûtant. Grâce à la construction habile et patiente du récit et à une direction photo exceptionnelle, comme on en voudrait plus souvent à la télé québécoise. Sur Club Illico. (A.G.)
Drôle

La scénariste d’Appelez mon agent, Fanny Herrero, n’a pas déçu avec son nouvel opus concocté pour Netflix, qui a pourtant retiré celui-ci après une seule saison. Cette incursion à la fois tendre, grinçante et enlevante dans l’univers des cabarets de stand-up comique de la relève parisienne porte bien son titre puisqu’on y rigole abondamment, franchement et parfois jaune. Dommage qu’on n’ait pas la chance de connaître la suite des aventures scéniques et personnelles de ses formidables comiques imparfaits. Sur Netflix. (A.G.)
The Bear

Si cette comédie dramatique mâtinée de suspense pouvait être diffusée en odorama, elle serait presque parfaite. On se prend d’affection pour la « famille » de personnages qui peuple la cuisine désordonnée d’une sandwicherie italienne de Chicago, que tente de relancer un prodige de la scène culinaire après le décès tragique de son frère. Les plans presque zen de cuisson et de préparation d’aliments contrastent avec le chaos qui règne dans cette brigade indisciplinée mais attachante. Sur Disney+. (A.G.)
A League of Their Own

Abbi Jacobson (Broad City) réalise un coup de circuit en adaptant le film de Penny Marshall sorti en 1992. Sa série suit ainsi les aventures des Peaches de Rockford lors de la formation de la ligue professionnelle américaine de baseball féminin dans les années 1940. Avec un scénario inédit et des personnages en quête d’émancipation et solidaires face à la misogynie, à l’homophobie, à la ségrégation et au racisme de l’époque, A League of Their Own (2022) est assurément queer et délicieusement drôle. Sur Prime Video. (A.R.)
Euphoria

La deuxième saison d’Euphoria continue de détonner grâce à la réalisation hautement calibrée de Sam Levinson et à un récit dangereusement étourdissant. On y apprend à connaître davantage les côtés obscurs des adolescents Maddy, Cassie et Nate, les amis de Rue et Jules, tout comme on embrasse la relation improbable entre Fezco et Lexi. Le point d’orgue est d’ailleurs l’épisode 7, où la géniale pièce de théâtre, mise en scène par cette dernière, cristallise à elle seule les tensions accumulées depuis 2019. Sur Crave. (A.R.)
Garde partagée

La production acadienne signée Christian Essiambre est tout sauf une comédie familiale ! Destinée à un public averti, Garde partagée est inspirée de situations vécues par les parents célibataires au quotidien et possède, de ce fait, un fort potentiel divertissant et universel — qui dépasse le cadre du Nouveau-Brunswick. La série séduit non seulement par le franc-parler de ses interprètes, petits comme grands, mais aussi par l’absurdité et la mauvaise foi dont ils font divinement preuve au fil des sketchs. Sur UnisTV. (A.R.)