Marvel élargit ses horizons avec «Ms. Marvel»

Ms. Marvel, la première superhéroïne musulmane de l’univers Marvel.
Daniel McFadden Marvel Studio Ms. Marvel, la première superhéroïne musulmane de l’univers Marvel.

Kamala Khan a 16 ans, elle est la fille d’un couple de confession musulmane qui a quitté le Pakistan pour s’installer en Amérique afin que « tout soit possible » pour ses enfants, elle est fan de Captain Marvel. Et un jour, alors qu’elle participe au AvengersCon de Jersey City, elle se découvre des superpouvoirs. Ms. Marvel, la première superhéroïne musulmane de l’univers Marvel, c’est elle. Superpouvoirs exceptés (quoique…), c’est aussi Iman Vellani, jeune Ontarienne de la banlieue de Toronto qui, dans cette première expérience devant les caméras, crève l’écran par sa façon naturelle d’incarner le personnage-titre de la nouvelle série du Marvel Cinematic Universe (MCU), Ms. Marvel, dont le premier des six épisodes sera déposé le 8 juin sur Disney+.

Une série qu’elle décrit — fort justement, peut-on confirmer après en avoir vu deux épisodes — comme « une histoire de passage à l’âge adulte à la Lady Bird [de Greta Gerwig] qui croise une histoire de superhéros à la Scott Pilgrim [d’Edgar Wright] », résumait-elle dans une entrevue accordée au Devoir. Ce sont aussi, en entrevue, les mots de Sana Amanat, cocréatrice du personnage apparu dans le numéro de Captain Marvel d’août 2013 et qui, devenu immédiatement très populaire, a obtenu sa propre série en février 2014.

Parmi ses fans de la première heure, Iman Vellani. « Je trouvais tellement cool que Marvel ait un personnage qui me ressemble autant, une jeune musulmane d’origine pakistanaise ! C’était comme si ces comics avaient, littéralement, été écrits pour moi. » Si elle a d’abord cru à une arnaque quand elle a eu vent qu’on cherchait une actrice pour incarner Kamala, elle ne pouvait courir le risque de ne pas tenter sa chance. Entre autres, parce qu’elle est « très protectrice » du personnage.

Position qu’elle a trimballée avec elle pendant le processus d’audition, en 2020, qui s’est accrochée à elle quand elle a obtenu le rôle, « le dernier jour de mes études secondaires ». Et qui n’a fait qu’enfler pendant le tournage. Le grand manitou du MCU, Kevin Feige, faisait d’ailleurs remarquer en conférence de presse que l’adolescente savait exactement de quel comic book était tirée la scène d’audition

À la fois nouveau et familier

 

« J’ai l’impression que nous suivons le même parcours, Kamala et moi : elle se découvre des pouvoirs qui la révèlent à elle-même et moi, j’ai obtenu ce rôle incroyable à travers lequel j’ai beaucoup appris à propos de moi-même. J’ai renoué avec mes racines, chose à laquelle, honnêtement, je ne m’attendais pas, car j’ai délaissé mon côté pakistanais et musulman en grandissant. Mais Kamala, elle, embrasse sa culture qui lui sert de code moral et fait d’elle une meilleure héroïne. »

Encore une fois, ses propos rejoignent ceux de Sana Amanat, aussi productrice déléguée de la série qui, croit-elle, « va faire découvrir à beaucoup de gens quelque chose d’à la fois nouveau et familier ». Et ils vont le découvrir très vite car Ms. Marvel se distingue en effet des autres éléments du MCU. Elle est visuellement éclatante et pétillante (entre autres grâce à l’utilisation de l’animation qui se superpose ici et là à la prise de vue réelle pour traduire l’imagination de Kamala), ses personnages sont vifs et drôles, sa distribution d’avant-plan est formée d’acteurs issus de la communauté musulmane et d’Asie du Sud-Est (comme ses réalisateurs et scénaristes, d’ailleurs).

Et si le résultat est ludique, Ms. Marvel est plus que cela. L’importance des traditions, le poids de l’arbre généalogique sur les jeunes épaules, les hauts et les bas de la vie étudiante et, bien sûr, la religion : tout cela est exploré avec sincérité et sans appuyer sur les messages — ce qui ne les rend que plus efficaces.

Certains reprocheront à cette itération télévisuelle du personnage de ne pas avoir des pouvoirs identiques à ceux des comics. « Il fallait que ses pouvoirs puissent s’attacher à ce qui s’en vient pour elle dans le MCU [Kamala sera l’an prochain du film Les Marvel], explique Sana Amanat. En plus, comme nous avons construit une histoire qui parle d’identité, il était pertinent que ses pouvoirs soient liés à sa lignée. » En plus, ce changement a l’aval d’Iman Vellani. Si elle n’avait pas été d’accord, on l’aurait su.

Ms. Marvel (V.O. et V.F.)

Sur Disney + dès le 8 juin

 

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