«Loin du périph»: une suite espérons-le sans lendemain

Depuis le succès en 2012 de leur comédie policière De l’autre côté du périph, parue au Québec sous le titre Incompatibles, Omar Sy et Laurent Lafitte désiraient retravailler ensemble. Au lieu d’un projet original, les acteurs ont plutôt opté pour une suite tardive. Produit pour Netflix, où Omar Sy cartonne dans la série Lupin, Loin du périph ramène donc les flics Ousmane Diakité et François Monge, qui s’asticotent de plus belle dans ce deuxième et très laborieux tour de piste.
À nouveau, on est dans la formule du duo mal assorti. Tandis que Diakité (Omar Sy) a monté en grade aux Affaires criminelles à Paris, Monge (Laurent Lafitte) stagne dans un commissariat d’arrondissement. Issu des banlieues, Diakité a conservé un goût pour des méthodes peu orthodoxes tolérées, car porteuses d’excellents résultats. Monge, lui, continue de nourrir un sentiment de supériorité d’autant plus déconcertant que toutes ses demandes de promotions et de transferts ont été rejetées.
C’est dire que, comme dans le film de 2012, Diakité et Monge évoluent dans des univers distincts, à la différence que cette fois, on a inversé les rôles en matière de prestige de l’environnement de travail. Le même principe s’applique en ce qui a trait aux retrouvailles des protagonistes, qui se sont perdus de vue au cours de la décennie écoulée. Après que Diakité se fut immiscé dans une affaire d’homicide menée par Monge, c’est au tour de ce dernier de manœuvrer pour s’imposer dans une enquête pour meurtre tombant sous l’autorité du premier.
Un peu comme dans Bon cop, bad cop (Érik Canuel, 2006), c’est un cadavre coupé en deux qui provoque une union des forces. Ici, un tronc est découvert en gare du Nord avant que la partie inférieure du corps fasse surface dans un village des Alpes.
Sur place, Diakité a tôt fait d’identifier le populaire maire d’extrême droite comme suspect. Monge, lui, n’y voit que du feu. Sans rien dévoiler, disons simplement que le film se borne à traiter avec superficialité, voire paresse, un thème redevenu brûlant d’actualité à la lumière des récentes élections françaises.
Réalisation aléatoire
Prévisible à chaque détour, le film multiplie avec la régularité d’un métronome les scènes de conflits entre les deux policiers. Hélas, la teneur comique de celles-ci, si elle fluctue, n’atteint jamais un haut degré d’hilarité : à la lassitude succède parfois de l’embarras pour les acteurs. Volontiers étirés jusqu’à la dilution, lesdits passagestombent à plat la plupart du temps.
Ainsi, une séquence en théorie porteuse, comme celle où Monge se lamente de l’injustice professionnelle dont il fait l’objet en tant qu’homme blanc né dans la richesse face à un Diakité rétorquant avec ironie qu’il est effectivement beaucoup plus aisé de gravir les échelons en France lorsqu’on est né noir et pauvre, se voit court-circuitée par ce rythme défaillant, corollaire d’une réalisation aléatoire et d’un montage indifférent.
Même les scènes d’action filmées le long de routes de montagne sinueuses s’avèrent dénuées d’adrénaline. À cet égard, sans doute est-ce davantage pour ses premiers films de courses-poursuites Le transporteur 1 et 2 que le réalisateur Louis Leterrier vient d’être choisi pour remplacer Justin Lin à la barre de Fast and Furious 10.
Quoi qu’il en soit, le problème principal de cette comédie policière, dont l’humour rate la cible et dont l’intrigue n’intrigue guère, tient à l’étonnante absence de complicité entre les deux vedettes. Comme chacun est occupé à polir sa propre étoile, Omar Sy et Laurent Lafitte ne semblent jamais être ensemble dans le moment. Pour un « film de potes », ou buddy movie comme on dit en France, c’est un brin problématique. Une suite, on l’espère, qui demeurera sans lendemain.