Un candidat de «L’Île de l’amour» se fait montrer la porte

Quelques jours avant le lancement de la deuxième saison de la téléréalité L’île de l’amour à TVA, un candidat a été évincé par la production après qu’il a fait l’objet de nombreuses dénonciations sur les réseaux sociaux.
« Bien que tous les Insulaires aient fait l’objet de vérifications d’antécédents criminels qui n’ont rien révélé, les allégations rapportées [jeudi] ont été prises très au sérieux. Productions Déferlantes et Québecor Contenu ont pris la décision de mettre fin au parcours d’Adam dès maintenant », a annoncé l’équipe de production sur ses réseaux sociaux jeudi soir.
Elle venait de dévoiler le matin même l’identité des cinq premiers candidats qui s’envoleraient pour Las Terrenas, en République dominicaine, afin d’y trouver l’amour.
La présence parmi eux d’Adam, 22 ans, originaire de Mont-Saint-Hilaire, a rapidement soulevé une vague de mécontentement de la part du public. En quelques heures, les critiques à son sujet se sont multipliées sur Instagram et TikTok. Plusieurs femmes ont dénoncé son comportement jugé « toxique » et « dangereux », alléguant avoir déjà été « harcelées » par le jeune homme.
Productions Déferlantes et Québecor Contenu ont préféré exclure Adam de l’aventure. Son portrait a été supprimé dans la foulée sur le site Internet et les réseaux sociaux de l’émission.
Dans un courriel envoyé au Devoir vendredi, l’équipe de production insiste sur sa démarche rigoureuse pour vérifier les antécédents des candidats, qui comprend entre autres « des recherches sur les réseaux sociaux ». De plus, chaque candidat est tenu de rencontrer une psychologue pour une évaluation, lors du processus de sélection.
On précise que puisque les enregistrements n’ont pas encore débuté, le départ d’Adam « n’aura aucun impact sur la diffusion de l’émission », qui commence le 18 avril sur les ondes de TVA.
Pas le premier, pas le dernier
Ce n’est pas la première fois qu’un candidat d’une téléréalité voit sa participation être remise en question de la sorte. L’automne dernier, Alexandre Patry Poirier avait aussi fait l’objet de dénonciations sur les réseaux sociaux lorsque les téléspectateurs avaient découvert sa présence dans l’édition d’Occupation double dans l’Ouest canadien.
Dès les premiers jours, l’équipe de production avait elle-même constaté son comportement « agressif » et avait dû intervenir pour le rappeler à l’ordre, avant de l’exclure définitivement de la téléréalité.
« Je ne suis pas du tout étonnée que l’auditoire des téléréalités révèle des comportements toxiques, violents ou des agressions sexuelles à propos d’un candidat », lance Mélanie Millette, professeure au Département de communication sociale et publique de l’UQAM. Elle estime même qu’il faut maintenant s’y habituer.
Depuis la première vague du mouvement #MoiAussi, note-t-elle, la société cherche à déconstruire les normes toxiques et les abus de toutes sortes qui ont longtemps été « tolérés, cachés, voire normalisés ». C’est maintenant devenu un réflexe pour beaucoup de se tourner vers les réseaux sociaux pour dénoncer ces comportements répréhensibles.
Mais il ne faut pas voir ces dénonciations comme « une simple culture de l’annulation visant à condamner un candidat », précise sa collègue à l’École des médias de l’UQAM Stéfany Boisvert. « C’est plutôt une implication sociale de la part des téléspectateurs qui veulent prévenir les diffuseurs, le public et s’assurer que les autres candidats ne vivront pas des situations problématiques. On parle après tout d’émissions qui mettent l’accent sur les rencontres amoureuses. »
Aux yeux des expertes consultées par Le Devoir, l’accroissement des dénonciations des téléspectateurs devrait amener les producteurs à revoir leurs pratiques de sélection des candidats. « Ça devrait peut-être les encourager à allouer plus de temps pour la recherche sur les réseaux sociaux, ou pour l’évaluation psychologique, qui se fait souvent bien trop vite », soutient Mme Boisvert.
Or, même avec un processus plus rigoureux, il est impossible de tout voir, de tout deviner, concède-t-elle. Il faudra donc accepter les imprévus qui pourraient chambouler le casting, mais aussi concevoir le fait que le public a désormais une participation active dans la sélection des candidats, à sa façon.