«Winning Time»: rebonds sur la démesure des Lakers de Los Angeles

Une scène de la série «Winning Time. The Rise of the Lakers Dynasty»
Photo: HBO Une scène de la série «Winning Time. The Rise of the Lakers Dynasty»

Pour peu qu’elle resserre le récit et n’autorise pas si souvent ses personnages principaux à franchir le quatrième mur, la nouvelle télésérie Winning Time. The Rise of the Lakers Dynasty sera potentiellement un autre coup gagnant pour HBO. Il s’agit d’une reconstitution dramatique (mais gavée d’humour) de la décennie miraculeuse des Lakers de Los Angeles, les années 1980, durant lesquelles l’équipe a remporté cinq championnats de la National Basketball Association, notamment contre leurs éternels rivaux, les Celtics de Boston.

L’univers du basketball a décidément la cote sur les plateformes de diffusion. Après le succès de la minisérie documentaire The Last Dance (ESPN/Netflix), sur la carrière de Michael Jordan et sa dernière saison avec les Bulls de Chicago, et l’apparition l’automne dernier de Swagger (Apple TV+), fiction librement inspirée du parcours de Kevin Durant, HBO saisit la balle au bond avec cette série biographique tape-à-l’œil adaptant le livre Showtime. Magic, Kareem, Riley, and the Los Angeles Lakers Dynasty of the 1980s, du journaliste sportif Jeff Pearlman.

Showtime ! Le mot, répété comme un mantra par les personnages de la série, décrit aussi le style de jeu des Lakers durant cette décennie, un style axé sur la vitesse, la surprise et le spectacle offert aux partisans. Ainsi, la série s’appuie sur un récit particulièrement riche, tant les principaux acteurs de ce récit sportif sont en soi captivants — on aurait pu développer des projets télévisuels sur la vie de quatre ou cinq des protagonistes.

Histoire qui, au bout de 8 des 10 épisodes présentés aux médias, se résume ainsi : riche investisseur immobilier, Jerry Buss, interprété avec toute la démesure qui lui convient par un John C. Reilly fameux, se paie en 1979 les Lakers (ainsi que l’équipe locale de la LNH, les Kings, sans que ce soit évoqué dans la série) et leur domicile, le Forum. Il insistera pour repêcher la joviale et talentueuse recrue Earvin « Magic » Johnson Jr. (incarné par le tout aussi souriant Quincy Isaiah), plutôt que son rival Larry Bird (Sean Patrick Small), un talent sportif tout aussi imposant acquis par les Celtics. Cette décision revitalisera l’équipe d’abord sur le plan sportif, puisque Johnson redonnera des ailes au vétéran Kareem Abdul-Jabbar (Solomon Hughes), puis sur le plan de l’image de marque, alors que Buss vise à dépoussiérer les manières de la NBA.

Ainsi, le récit très rythmé de Winning Time trouve ses ressorts sur les antagonismes entre ses nombreux personnages. Jerry Buss bombant le torse devant Red Auerbach, le tout-puissant entraîneur-chef des Celtics de Boston, qui en mène large dans la ligue. Le jeune Magic contre son nouveau coéquipier Kareem Abdul-Jabbar, un géant discret et désillusionné par la machine sportive qui l’a avalé. Jeanie (Hadley Robinson), la fille de Jerry Buss, qui tente de faire sa place dans l’administration de l’équipe et dont les idées visant à rajeunir le spectacle sportif se heurtent initialement à la rigidité de Claire Rothman (Gaby Hoffmann). Et ce, sans parler des entraîneurs qui se succéderont à la tête de l’équipe, une trame narrative particulièrement captivante.

À cela s’ajoutent les mœurs de l’époque, soulignées à grand renfort de costumes démodés, de scènes de cul et de cigarettes grillées à la chaîne, le tout sur une trame sonore bien ancrée dans son époque disco-funk (le compositeur et pianiste jazz Robert Glasper signe toutefois la musique originale). Divertissante, mais souvent superficielle (jusqu’à ce que certains drames viennent troubler le destin de l’équipe), Winning Time est une série excessive, tant sur le plan de la narration que dans sa facture visuelle, avec ses occasionnelles scènes granulées façon vieille cassette VHS. Les créateurs de la série, Max Borenstein et Jim Hecht, ont veillé à ce que chaque épisode, d’une cinquantaine de minutes, se termine par un efficace suspense qui donne tout de suite au public envie d’engloutir le prochain. Malheureusement, HBO a opté pour un horaire de diffusion hebdomadaire plutôt que d’offrir d’un coup les 10 épisodes de cette série, qui devrait connaître une suite.

 

Winning Time. The Rise of the Lakers Dynasty

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