Avec «Star Trek. Picard», saison 2, un retour sur terre (bis)

Sir Patrick  Stewart dans  le rôle de Jean-Luc Picard et Jeri Ryan dans  le rôle de Seven of Nine
Trae Patton CBS Sir Patrick Stewart dans le rôle de Jean-Luc Picard et Jeri Ryan dans le rôle de Seven of Nine

« Une galaxie sûre est une galaxie humaine. » Une galaxie sans droits pour l’étranger, pour l’extraterrestre, donc. Ainsi déclame et répète, sur vidéo et en hologramme, le général Jean-Luc Picard, en ce jour de l’Éradication où, sous l’œil d’une présidente à l’allure familière, sont exterminés les ennemis de la Confédération.

Les adeptes de la mégafranchise Star Trek noteront bien sûr plusieurs aberrations dans ces quelques lignes. Les propos tenus par celui qu’incarne sir Patrick Stewart depuis 35 ans. L’ajout d’un préfixe devant l’inclusive « Fédération » imaginée en 1966 par Gene Roddenberry.

C’est pourtant la réalité dans laquelle est parachuté celui qui a dirigé l’Enterprise dans les sept saisons de Star Trek. La nouvelle génération (1987 à 1994) et les quatre longs métrages produits entre 1994 et 2002. Et qui a repris du service il y a deux ans dans Star Trek. Picard, dont le premier épisode de la deuxième saison sera disponible jeudi, en français et en anglais, sur Crave.

Une saison qui, comme la précédente et comme la prochaine (déjà tournée), se tient seule, explorant une nouvelle histoire complètement. Mais, on s’en doute, être familier avec le ton et le rythme différents (plus lent, plus sombre, plus axé sur les quêtes personnelles) et connaître les nouveaux personnages en présence sont de gros plus pour apprécier au maximum cette nouvelle aventure. D’autant que lesdits personnages, tous des parias, des exclus, des esprits libres et forts, se dévoilent ici davantage et gagnent en texture.

En gros, ils sont Agnes Jurati (Alison Pill), scientifique aussi maladroite que brillante ; Elnor (Evan Evagora), à la fois guerrier redoutable et jeune romulien candide qui s’est mis corps et âme au service de Picard ; Cristobal Rios (Santiago Cabrera), premier officier déchu qui semble au-dessus de ses affaires, mais qui a le cœur à la bonne place ; Raffaella Musiker (Michelle Hurd), trop rebelle pour ne pas être au ban de Starfleet, mais trop pleine de ressources pour ne pas être un atout, et qui forme à présent un couple avec la préférée de bien des fans, Seven of Nine (Jeri Ryan), dont le destin tragique de fillette assimilée par le Borg avait été révélé dans Star Trek. Voyager.

Q remet ça

 

À eux se joignent, comme pour la première saison, des personnages des séries passées qui apparaissent ou s’installent : la mystérieuse Guinan, incarnée par Whoopi Goldberg ; la reine Borg, qui a autrefois assimilé Picard, maintenant jouée par Annie Wersching ; et le tout-puissant Q (John de Lancie). Il est celui par qui tout arrive.

Il a en effet carrément démoli la ligne du temps afin de mettre Jean-Luc Picard à l’épreuve. Une obsession qu’il nourrit depuis l’épisode inaugural de Star Trek. La nouvelle génération. Ce coup-ci, il s’est amusé à déplacer des pions (des êtres humains, quoi) sur l’échiquier de la galaxie, de sorte que la (Con)Fédération devienne une entité totalitaire aux yeux de laquelle toute vie non humaine n’a aucune valeur. Une société présentant une ressemblance (voulue) avec le régime nazi. Ou encore avec l’univers miroir exploré à quelques reprises dans la série originale et, actuellement, dans Star Trek. Discovery.

Bref, pour « réparer le passé afin de sauver le présent », Picard et compagnie doivent trouver/protéger/sauver un guetteur (watcher) dont ils ne savent absolument rien (les spectateurs non plus, après trois épisodes), sinon qu’il se trouve à Los Angeles, en 2024.

Impossible, ici, de ne pas penser au quatrième long métrage de la franchise, Retour sur terre (V.F. de The Voyage Home), de Leonard Nimoy, où l’équipage de l’Enterprise se rendait à San Francisco, en 1986, afin de récupérer un spécimen d’une espèce depuis longtemps éteinte, une baleine à bosse, qui leur permettrait de sauver la galaxie. Dit comme ça, oui, ça sonne drôle. Disons que le film n’a pas été particulièrement bien reçu à l’époque. Et que son message écologique est complètement passé dans le vide. Il était pourtant prémonitoire.

Outre sa vision optimiste (certains diront utopique, mais a-t-on le droit d’espérer ?) du futur, l’univers Star Trek a une autre grande force : utiliser la science-fiction pour aborder des thèmes qui nous touchent immédiatement ou qui nous atteindront bientôt. Ainsi, le bruit des bottes militaires qui avancent, pour l’écraser, vers une nation, une culture, un peuple, ne résonne-t-il pas ces jours-ci ? En ce sens, l’arc dramatique de cette deuxième saison de Star Trek. Picard, malgré son air de déjà vu, vise en plein dans le mille de notre actualité.

Star Trek. Picard, saison 2

Dès le 3 mars sur Crave

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