D’étudiante à belle-mère, le rôle d’outre-mer

Daphnée Côté-Hallé dans la comédie française «Week-end en famille»
Photo: Rudy Waks / Disney+ Daphnée Côté-Hallé dans la comédie française «Week-end en famille»

Chaque famille possède des habitudes qui deviennent des traditions, des règles non écrites. Aux yeux d’étrangers, ces coutumes peuvent paraître saugrenues, mais pour les membres du foyer, elles sont d’un naturel flagrant. Dans la famille Mercier-Prigent-Delors-Marquez, on jette nos souliers dans le panier de basket lorsque l’on franchit la porte à la fin de la journée.

Alors que ce détail confère une certaine authenticité à la nouvelle série Week-end en famille, c’est réellement l’histoire et la complexité de ses personnages qui mènent le bal. Il y a d’abord Fred Mercier (Éric Judor), père de cette attachante famille recomposée. Il y a ensuite Clara, une écologiste de 15 ans, Victoire, une sportive maladroite de 12 ans, et Romy, une enfant de 9 ans assez intelligente. Trois jeunes filles de trois mères différentes (Laurence, Marie-Ange et Helena). Et il y a Emmanuelle Lemay, nouvelle belle-mère de cette marmaille, étudiante au doctorat et « Québécoise du reste de la vie » de Fred.

Celle qui est surnommée Emma est brillamment interprétée par la comédienne québécoise Daphnée Côté-Hallé, qui décrit en entrevue une expérience d’adaptation aisée lors du tournage de cette première série francophone de Disney+. « Honnêtement, ça a été une partie de plaisir, résume-t-elle. En France, ils ont été vraiment accueillants et extrêmement bienveillants avec moi. Il y avait un truc magique dans tout ça, parce que je me sentais un peu en voyage », mentionne celle qui a passé presque tout son été de l’autre côté de l’océan Atlantique.

Ayant été seule dans un pays étranger, en temps de pandémie et pendant trois mois, Daphnée Côté-Hallé explique que le rêve aurait pu ne pas en être un. Mais l’actrice indique avoir développé une belle complicité avec ses collègues français.

« On est vraiment devenus une sorte de famille sur le plateau. Alors, ce que vous voyez à l’écran, c’est un peu ce qu’on vivait pour vrai. Hormis que je ne suis pas amoureuse d’Éric ! », précise-t-elle en riant.

Pourtant, le public se laisse réellement prendre au jeu de cet amour, loin des passions des feuilletons. « Ce n’est pas “est-ce qu’on s’aime ou on ne s’aime pas”. C’est plutôt “on s’aime, c’est clair, net et précis qu’on veut faire équipe, et on trouve des solutions à l’adversité ensemble”. Même mon chum y a cru ! » raconte-t-elle.

Une Québécoise à Paris

Bien que les origines canadiennes d’Emmanuelle ne constituent pas l’histoire centrale de la série, elles demeurent importantes. Ainsi, à quelques reprises au cours de l’émission, qui relate sous forme de chroniques les fins de semaine de cette famille recomposée, il y a des blagues sur les stéréotypes d’ici. On y parle notamment de caribous et de sirop d’érable. « Oui, ce sont des clichés par moments, mais c’est fait avec beaucoup d’amour. Ce n’est pas dans la moquerie », explique avec raison Daphnée Côté-Hallé.

« Je suis mal placée pour dire que je ne corresponds pas à ces clichés-là. Avec mon chum, on fait du sirop d’érable, on chasse l’ours et je me construis des igloos l’hiver dans lesquels je dors. » Elle ajoute que c’est d’ailleurs ce qui aurait charmé les juges lors de son audition. La jeune actrice indique avoir passé quelques moments, entre les prises, à souligner des nuances entre le Québec et le Canada, ce qui a amené des ajouts ici et là à la série, permettant au public québécois de s’y reconnaître.

On est vraiment devenus une sorte de famille sur le plateau. Alors, ce que vous voyez à l’écran, c’est un peu ce qu’on vivait pour vrai. Hormis que je ne suis pas amoureuse d’Éric !

 

« C’est sûr que l’accent, ça a été compliqué au début. Ça a été un défi pour moi, de garder mon accent québécois, mais de me faire comprendre par eux », explique la comédienne, pour qui il s’agit d’un premier rôle en France. « Je n’avais pas envie d’être sous-titrée ou de passer des heures et des heures à devoir me doubler avec un faux accent », ajoute celle qui dit être une éponge à accents.

Pari réussi pour la Québécoise, qui a su se préserver tout en étant comprise. Les quelques exceptionnels mais ô savoureux sacres confèrent un puissant sentiment d’identification, bien nécessaire pour que cette série francophone se taille une place dans la Belle Province.

Une famille de femmes fortes

 

Daphnée Côté-Hallé a particulièrement aimé interpréter Emmanuelle Lemay, notamment pour son optimisme, mais aussi pour le fait qu’elle possède sa propre quête professionnelle.

« Tu vois que la série a été écrite [à majorité] par des femmes », mentionne la comédienne québécoise en référence à la construction de son personnage. Elle indique par ailleurs que Week-end en famille passe aisément le test Bechdel-Wallace sur la représentation féminine, qui veut qu’à au moins un moment au cours d’un épisode ou d’un film, deux femmes nommées parlent entre elles d’autre chose que d’un homme. « Le personnage féminin est bien développé, sa quête principale n’est pas par rapport à un homme, mais plutôt en lien avec la famille et son métier », indique Daphnée Côté-Hallé, qui a dit trouver intéressant de défendre ce personnage léger, mais tout de même profond.

La Québécoise est aussi reconnaissante d’avoir eu des scènes d’émotions dans la série : « Ça m’a fait du bien aussi de donner ces nuances-là au personnage. »

« L’expérience humaine fut grandiose et l’expérience professionnelle fut vraiment enrichissante », conclut celle qui croise les doigts en vue d’une seconde saison.

 

Week-end en famille

Dès le 23 février sur Disney+

À voir en vidéo