«Je croyais en toi»: quand le sport devient toxique

Les photos de jeunesse de l’ancienne skieuse olympique Geneviève Simard en disent long sur l’emprise délétère qu’un entraîneur peut exercer sur ses recrues ; la plupart ont été caviardées pour effacer toute présence de celui qui l’a abusée. Bertrand Charest a beau avoir été reconnu coupable d’agression sexuelle sur neuf jeunes skieuses, Geneviève Simard, elle, vit encore avec ce poids. Dans Je croyais en toi, elle refuse pourtant de se laisser décourager, pressant d’autres athlètes à nommer haut et fort, comme elle, ce que le monde du sport refuse encore de voir.
Accompagner et développer un jeune athlète, « c’est tellement beau », mais ça peut être aussi « tellement dangereux », résume la double médaillée olympique Sylvie Fréchette, qui connaît bien les travers d’un milieu dont elle a fait elle-même les frais et qui peine toujours à faire son mea culpa. En mars dernier, cinq athlètes intentaient une action collective contre Natation artistique Canada, poussant Sylvie Fréchette à prendre encore plus ses distances avec son sport. « Je ne veux plus nourrir la bête. Je ne coache presque plus. Je ne fais pas confiance au système en ce moment. »
Fort des témoignages posés de cinq autres athlètes, ce documentaire à fleur de peau ébranle par sa détermination tranquille à montrer comment il est facile pour un entraîneur de tirer avantage de son autorité dans un milieu qui survalorise la performance. L’approche très sobre de la réalisatrice Sophie Lambert accentue l’effet de mise à nu. Point de sensationnalisme ici. On s’attaque à la racine d’un mal pour mieux l’extirper. Et c’est très puissant.