«Le livre de Boba Fett»: du plaisir des deux côtés de l’écran

L’acteur néo-zélandaisTemuera Morrison réenfile l’armure de Boba Fett.
Photo: François Duhamel/Lucasfilm Ltd. L’acteur néo-zélandaisTemuera Morrison réenfile l’armure de Boba Fett.

On le sait maintenant grâce à son apparition remarquée dans la série Le Mandalorien, Boba Fett n’est pas mort sur Tatooine, avalé par le Sarlacc où Han Solo l’a poussé dans Le retour du Jedi. Ç’aurait été une fin plutôt minable pour le chasseur de primes préféré des fans de Star Wars.

Et parmi ces fans se trouvaient plus que certainement Jon Favreau et Robert Rodriguez. Le premier, créateur et scénariste principal des deux saisons du Mandalorien, tire les ficelles de son spin-off, Le livre de Boba Fett (V.F. de The Book of Boba Fett) ; et le second en réalisera trois épisodes, dont le premier est à présent disponible sur Disney+. Il sera suivi de six autres, qui seront déposés à un rythme hebdomadaire.

Ce premier épisode, Stranger in a Strange Land, est tout simplement jouissif par son action (cet affrontement avec des « ninjas » adeptes du parkour !) et ses révélations. On y découvre ce que Boba Fett a fait entre le moment où il a disparu dans la gueule du monstre et celui où, à peu près cinq ans plus tard, il arrive sur Tatooine avec la mercenaire Fennec Shand et prend place sur le trône qui fut celui de Jabba le Hutt (comme on l’a vu à la fin de l’épisode 14 du Mandalorien). La série suit ainsi l’ascension de l’impassible antihéros dans le monde du crime organisé, sur lequel il compte régner « non pas par la terreur, mais par le respect ».

Sans une ligne de dialogue — autre que des « échanges » entre Jawas et Tuskens — pendant les 12 premières de ses 38 minutes, l’épisode inaugural apparaît, dans sa réalisation comme dans son rythme et sa trame sonore (signée Ludwig Göransson), comme la version intergalactique d’un western spaghetti que Sergio Leone n’aurait pas renié.

À cela s’ajoutent quelques irrésistibles clins d’œil aux fans de la saga et aux amoureux de ces « anciens films » d’aventures et de fantastique. La façon dont Boba Fett vient à bout de la créature qui l’attaque dans le désert de Tatooine ne ressemble-t-elle pas à celle qui a permis à la princesse Leia de débarrasser la galaxie de Jabba dans Le retour du Jedi ? Et cette créature, justement, n’a-t-elle pas des airs de parenté avec celles que créait autrefois le maître Ray Harryhausen (Le septième voyage de Sinbad, Jason et les Argonautes) ?

Il y a de l’amour et un savoir de longue date là-dedans, tellement que ça traverse l’écran pour frapper au cœur le téléspectateur.

Des femmes et des « vieux »

L’acteur néo-zélandais Temuera Morrison reprend bien sûr, avec l’humour caustique, l’hermétisme et la retenue qu’on lui sait, le rôle qu’il habite depuis deux décennies : il a incarné Boba Fett dans Le Mandalorien et dans la version remastérisée de L’Empire contre-attaque ; mais il a aussi joué Jango Fett dans L’attaque des clones et dans La revanche des Sith. Or Jango, pour mémoire, est le « père » de Boba… et de tous les soldats de la Grande Armée de la République, son matériel génétique ayant servi de base à la création des désormais innombrables clones.

À ses côtés, Ming-Na Wen réenfile l’armure de la chasseuse de primes Fennec Shand, apparue dans Le Mandalorien et entendue dans la série animée The Bad Batch. Le personnage, maintenant bras droit de Boba Fett, affiche une attitude délectable où se côtoient toute la considération qu’elle éprouve pour son patron et un détachement sidéral face à tout le reste. Le résultat est extrêmement cool et fonctionne à merveille.

Naturellement, tout passage sur Tatooine commande un détour par une de ces tavernes mal famées où se côtoient les pires représentants d’un tas d’espèces. Ici, elle s’appelle Le Sanctuaire et elle est tenue par l’énigmatique Madame Garsa Fwip. Joué par Jennifer Beals (Flashdance), le personnage ne fait qu’une apparition, mais on sent qu’il aura beaucoup plus à faire dans la suite des choses. Complétant peut-être un trio qui innove de façon inusitée : Temuera Morrison a 61 ans ; Ming-Na Wen et Jennifer Beals, 58 ans. Après le girl power, le elder power à l’écran ?

Le livre de Boba Fett (V.F. de The Book of Boba Fett)

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