«Je suis un Ferland»: pour une dernière fois, peut-être

Dès les premiers instants de ce long entretien, tourné sur plusieurs jours dans différents endroits, l’intervieweur André Robitaille évoque l’idée que c’est peut-être la dernière fois que son invité se livre à ce genre d’exercice. Il faut dire que Jean-Pierre Ferland n’est plus tout jeune : 87 ans, mais encore en forme. Ce dernier se prête avec sérieux et très souvent avec un plaisir évident au jeu de l’entrevue ultime, qui explore ses zones d’ombre et de lumière, parsemée de questions existentielles, parfois très intimes.
Il y est question de famille, d’amour, de rapport à la célébrité ou à l’alcool, de fidélité et même (très brièvement) de sexualité, des sujets sur lesquels le vieux routier de la chanson québécoise s’exprime en prenant son temps, avouant parfois ne pas savoir quoi répondre. Robitaille, visiblement à l’aise, ressent une complicité assez forte pour se permettre des questions et des affirmations un peu « baveuses », auxquelles Ferland répond souvent avec son rire si reconnaissable.
Cet exercice de bilan de vie s’avère le plus intéressant lorsqu’on retourne à l’essentiel : au répertoire de Ferland, immense, de ses tout débuts, en passant par son Jaune « révolutionnaire » et ses chansons marquantes, qu’il espère voir traverser les époques. Il faut le voir s’émerveiller et s’émouvoir à réentendre quelques perles de son œuvre, comme s’il les découvrait pour la première fois, et truffer le tout d’anecdotes révélatrices. La conclusion, aux allures (un peu forcées) de testament, finit par nous faire retrouver le sourire avec une suggestion qui invite à replonger dans les recoins de son œuvre.