Faux souvenirs et zones grises

Les actrices Julie Perreault, Kathleen Fortin et Karelle Tremblay dans une scène de la télésérie policière «Doute raisonnable»
Photo: Éric Myre Les actrices Julie Perreault, Kathleen Fortin et Karelle Tremblay dans une scène de la télésérie policière «Doute raisonnable»

Débarquant sur l’Extra de tou.tv dès le jeudi 14 octobre, Doute raisonnable, d’après une idée originale de Fabienne Larouche et de Michel Trudeau (Aetios),a la lourde tâche de remplacer Faits divers, excellente série policière à l’humour noir de Joanne Arseneau et Stéphane Lapointe. Dès le premier épisode, il y a de fortes chances que l’on s’attache à la policière Alice Martin Sommer (Julie Perreault) — comme ce fut le cas pour la constable Constance Forest interprétée par Isabelle Blais —, recrutée par le chef de police Pascal Alario (David Boutin) pour intégrer le Groupe d’investigation sur les crimes à caractère sexuel (GICCS).

Le regard pétillant d’intelligence, le sourire bienveillant, Alice, qui revient d’une année sabbatique au cours de laquelle elle a terminé ses études sur les déviances sexuelles, doit composer avec de sombres souvenirs d’enfance. Pour corser le tout, la policière, qui n’a pas son pareil pour découvrir la vérité derrière l’écran des faux souvenirs et des mensonges, mène une double vie qui pourrait lui causer des soucis. D’ailleurs, elle n’est pas la seule de son escouade à cacher des squelettes dans son placard.

« Chaque fois que je pose la question à des policiers et à des policières sur certains agissements, ils me répondent souvent qu’ils sont aussi des êtres humains, qu’ils font des choses croches, qu’ils ne sont pas parfaits », dévoilait la scénariste Danielle Dansereau lors d’un point de presse virtuel tenu lundi avant-midi.

Aucun doute, l’univers de Doute raisonnable est à des lieues de celui de Faits divers, mais il s’avère tout aussi captivant. À tel point que plus d’un voudra regarder en rafale les cinq premiers épisodes. On devra toutefois s’armer de patience puisque les cinq derniers ne seront disponibles que le jeudi 28 octobre.

Faire œuvre utile

 

Le jour de la présentation de la série, Fabienne Larouche ne cachait pas son émotion. Face au mouvement #MoiAussi et aux récents féminicides, la productrice s’est demandé ce qu’elle pourrait faire en tant que femme.

« J’ai eu cette fantaisie : et s’il y avait une escouade de femmes capables de résoudre les crimes sexuels d’une manière différente des hommes ? Il faut aussi comprendre que, produisant un show de police (District 31) tous les jours depuis cinq ans, il fallait se pousser de ce que Luc [Dionne] fait super bien. Et je ne voulais pas l’écrire ! Je voulais que cette fille-là ait une façon différente de travailler. » Un peu comme dans Fortier, série policière qu’elle a créée il y a plus de vingt ans où Sophie Lorain jouait une psychologue gauche qui aidait des policiers dans leurs enquêtes.

Ayant confié la scénarisation à Danielle Dansereau, dont ils admiraient le travail sur 19-2, Fabienne Larouche et Michel Trudeau ont jeté leur dévolu à la réalisation sur Claude Desrosiers (Aveux, Feux) avec qui ils n’avaient jamais travaillé. Délivrée de L’échappée, Julie Perreault leur est apparue comme l’interprète parfaite pour donner corps à cette policière pas ordinaire.

« Le rôle du policier, ce n’est pas de croire quelqu’un, mais d’aller au-delà du doute raisonnable pour présenter des preuves. Ce qui rend difficile le travail des policiers dans le cas d’agressions sexuelles, c’est que la mémoire est quelque chose qui trompe », dit Michel Trudeau.

La première enquête du GICCS, où évoluent Lucie Robert (Kathleen Fortin), Abigaëlle Kasmi (Nadia Essadiqi — La Bronze), Jo Moreno (Charli Arcouette) et, seul homme de la bande, Frédéric Masson (Marc-André Grondin), policier droit rejeté par ses collègues des Crimes contre la personne, concerne le viol d’une jeune femme à qui la vie n’a pas fait de cadeau, Simona Clark (Karelle Tremblay).

« Je ne voulais pas qu’on soit trop explicites. L’idée, c’était de suggérer le plus possible, que le spectateur ressente les choses, ne voie pas les détails. C’est dur de tourner une scène de viol parce que, chaque fois il faut être respectueux du public. On a essayé d’être délicats pour ces scènes-là », explique Claude Desrosiers.

Si la première intrigue se conclut au troisième épisode pour faire place à une nouvelle histoire d’agression sexuelle, ne soyez pas surpris d’avoir l’impression que l’enquête n’est pas complètement résolue. De fait, d’autres éléments seront élucidés dans les derniers épisodes. Comme quoi Danielle Dansereau sait tenir les spectateurs en haleine du début à la fin.

 

Doute raisonnable

Les cinq premiers épisodes sur l’Extra de tou.tv dès le jeudi 14 octobre

Les cinq derniers épisodes sur l’Extra de tou.tv dès le jeudi 28 octobre

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