«CHSLD – Au front»: douce humanité

Entre les cris et les crises se glissent ici et là quelques échos de rire. Des pattes de canard se creusent aux abords des yeux déjà traversés par le temps des résidents grâce au travail acharné des membres du personnel soignant. Qu’il s’agisse d’une préposée pratiquant le métier depuis 32 ans ou bien de l’agent de bord récemment reconverti à la suite de la formation accélérée du gouvernement, tous font de leur mieux pour décrocher un sourire ou deux à ces gens dont le vécu est grand.
C’est cette ténacité qui est la trame de fond de la nouvelle docuréalité de Mélissa Beaudet, CHSLD – Au front. La réalisatrice (180 jours, Police Académie) a suivi pendant plusieurs mois le quotidien du centre d’hébergement de soins de longue durée Notre-Dame-de-la-Merci, aboutissant à 10 émissions de 30 minutes qui placent à l’avant-plan le travail gigantesque des aides-soignants.
On y voit ainsi quelques grands événements qui ont marqué l’endroit depuis le temps des Fêtes de 2020, tandis que la maison de santé peinait à se remettre des 97 décès de la première vague : l’arrivée des vaccins, une seconde éclosion majeure, etc. Et alors qu’il aurait été facile de tomber dans un sensationnalisme déplacé, la série prend plutôt le temps de s’attarder aux détails, ce qui la rend extrêmement humaine.
Parmi ces détails d’apparence anodine, il y a cette dame qui se met à réciter Les feuilles mortes de Prévert, qu’Édith Piaf avait chanté. Et pendant qu’elle chantonne « mais la vie sépare ceux qui s’aiment / tout doucement / sans faire de bruit », on ne peut qu’y voir une tendre, mais tragique métaphore.