L’impro de retour, sur un ring

Près de quarante ans après un premier match télédiffusé de la Ligue nationale d’improvisation (LNI), le théâtre improvisé reprend vie cet automne à Z. La forme et le rythme sont cependant différents. Il s’agit davantage de combats à deux, plutôt que de parties entre équipes. Les improvisations ne dépassent pas trois minutes et le décor ressemble davantage à un ring qu’à une patinoire. Bienvenue au Punch Club, dont la formule spectacle réunit depuis 2012 les « joueurs étoiles des plus grandes ligues d’impro du Québec ».
« Mesdames et messieurs, ce soir dans le ring, des règles, y en a pas, pis de l’honneur, y en a à perdre », clame d’entrée de jeu le maître de cérémonie Robert Nelson, l’alias d’Ogden Ridjanovic (Alaclair Ensemble). Dans une ambiance déjantée, propice au défoulement collectif, Le Punch Club mise sur l’esprit de révolte du hip-hop. En salle et désormais à la télé, les improvisateurs et improvisatrices ont droit à tout, même à des coups bas et salaces. Place à la « street impro ».
« Le succès de notre show, estime Dominic Lapointe, concepteur avec Ogden Ridjanovic, c’est l’ambiancequ’on a réussi à créer, ambiance de gang de rue, une gang de voyous rassemblés pour faire un show tripant, où il y a de la musique rap tout le temps. »
Mois après mois, avec des rendez-vous à Québec et à Montréal, puis des tournées québécoises et même européennes, Le Punch Club s’est fait un nom grâce aux étoiles de l’impro que sont Arnaud Soly, Pier-Luc Funk ou Florence Longpré. La pandémie a stoppé sa progression, alors qu’on s’apprêtait à monter le 200e spectacle. Le passage de la scène au petit écran, qui a pris plus de temps que pour la LNI — neuf ans au lieu de cinq — survient au moment où ce 200e verra le jour (en septembre).
Une éthique bien présente
Les huit épisodes de trente minutes ont été tournés en mai et en juin, devant public, élément essentiel de la joute. Comme à la LNI, ce sont les spectateurs qui décident du vainqueur, à la différence que le vote s’exprime par le poing ou la main ouverte. Vincent Bolduc, un des improvisateurs à l’affiche, chérit l’effervescence de cette sorte de retrouvailles, après des mois d’abstinence. « On avait faim, et le public avait faim », dit-il.
« C’est vrai qu’il n’y a pas de règles, mais il y en a entre guillemets, parce qu’il y a une éthique de jeu, nuance l’acteur, s’adressant à ceux qui ne connaissent pas Le Punch Club. Tu ne peux pas ramasser [ton adversaire], ne pas l’écouter. Le public est à l’affût. Si tu agis mal, que tu es désagréable pour gagner le point, c’est rare que tu gagnes. »
Pour Virginie Fortin, qui saute dans le ring lors de l’épisode inaugural (contre Mehdi Bousaidan), « on peut se permettre d’être baveux ». « On joue contre nos amis, on sait qu’il y a une grande couche d’amour », dit celle qui participe au Punch Clubdepuis 2012. Elle aime que la formule télévisée ait conservé le « Call Out », segment où chaque participant invective son adversaire préalablement à l’affrontement. La culture de la lutte, type WWE, est bien présente.
Inspirés par la nostalgie des années 1980 et du mini-putt télévisé — « on ne l’écoutait pas pour voir le birdie, mais pour entendre le commentaire », selon le producteur Lou Bélanger —, les concepteurs ont invité des auteurs à imaginer les traits de caractère des huit improvisateurs, parmi lesquels une très agressive Michelle Desrochers. D’autres personnages ont été ajoutés, incarnés par Richardson Zéphir et Ève Côté, qui commentent les duels, et Tammy Verge, aux entrevues.
Le Punch Club version Z se déroulera comme une course au championnat, progressant par joutes éliminatoires (quarts de finale, demi-finales, finale). Une émission spéciale, réunissant deux des joueurs éliminés hâtivement, complétera la saison.