«Québec My Country Mon Pays»: partir ou rester?

John Walker fait partie de ceux qui furent placés devant un cruel dilemme à la suite de la transformation rapide des Canadiens français en Québécois : partir ou rester ? Sa famille, heureux mélange d’Irlandais et d’Écossais, était au Québec depuis 250 ans, une raison parmi tant d’autres de se sentir chez soi, même si sa langue l’associait au conquérant britannique, aux « maudits Anglais ». Pas de place pour les nuances dans les débats enflammés d’une société en ébullition qui allait faire table rase du pouvoir religieux et quelques pieds de nez à l’establishment réfugié dans le « Mille carré doré ».
Dans Québec My Country mon pays, Walker adopte une perspective intimiste. Il grandit dans un espace protégé où il n’entend pas la colère qui gronde, jusqu’au moment où sautent les premières bombes, où fusent les premières insultes de ses camarades des équipes francophones de Montréal sur les patinoires extérieures. S’installe alors un sentiment d’aliénation que d’autres connaissent déjà : être minoritaire au sein d’une majorité elle-même minoritaire dans son pays. Dans ce contexte paradoxal, voire schizophrène, un dialogue est-il possible ?
Entre les propos de Jacques Godbout, de Louise Pelletier et de Paul Warren, ceux de collègues, de parents et d’amis anglophones qui ont fait le choix de rester, John Walker établit une histoire parcellaire, partiale, mais étonnante, du Québec. Celle-ci s’étale avec transparence, sans désir de consensus et avec quelques omissions, collection de témoignages émouvants sur une relation ambiguë, à l’image d’une société écartelée entre ses multiples identités.