Apprendre de la crise en se permettant plus de risques

Parmi les nouvelles émissions, le talk-show «La tour», avec Patrick Huard
Photo: Paul Chiasson La Presse canadienne Parmi les nouvelles émissions, le talk-show «La tour», avec Patrick Huard

Pendant que la production d’émissions de fiction a encore pas mal le pied sur le frein pour des raisons sanitaires, le monde des variétés a redémarré à TVA, avec une sélection automnale que le réseau estime marquée par une plus grande prise de risque, conséquence des derniers mois d’une pandémie qui a ébranlé les routines.

Aux yeux du vice-président des contenus originaux de Québecor contenu, Denis Dubois, l’électrochoc qu’a eu le coronavirus sur la création télévisuelle aura marqué les façons de faire. Et en particulier l’expérience de la quotidienne quasi spontanée Ça va bien aller, créée en dix jours presque sans balises.

« On a été obligés d’élaguer bien des affaires en production ; on n’avait pas le temps de s’étourdir avec des détails et on a surtout appris à se faire confiance, a expliqué M. Dubois mercredi lors d’une table ronde avec des médias. Je pense que notre télévision reste vivante si on continue à prendre des risques. »

Denis Dubois, un ancien de Télé-Québec, explique par exemple qu’en temps de crise, tous les maillons de la chaîne de la création ne sont « pas prioritaires, tout n’est pas important ». « Ce que ça nous apprend beaucoup — et c’est hyper important —, c’est qu’on doit être visionnaires dans nos jobs de diffuseur et de producteur, il faut se projeter vers où le public va être et ne pas seulement répondre à ce qu’il veut présentement. »

Les nouveautés de l’automne — dont le talk-show d’actualités nouveau genre La tour avec Patrick Huard ou l’émission de stand-up humoristiques familiaux Bijoux de famille avec Charles Lafortune — ont été travaillées avec le regard davantage tourné vers le futur, dit TVA. « On a l’impression que cet automne et dans les mois qui vont venir, le public va avoir un grand besoin de se voir, se retrouver à l’écran, un grand besoin de choses qui sont vraies, d’authenticité », explique M. Dubois, qui voit une « approche un peu documentaire d’observation slash variétés ».

On a été obligés d’élaguer bien des affaires en production, on n’avait pas le temps de s’étourdir avec des détails et on a surtout appris à se faire confiance

Est-ce que l’automne signera la fin des entrevues pixélisées par vidéoconférence ? « Dans les cinq nouveautés, on est sur des plateaux en studio, les artistes sont sur place, on le fait en respectant les normes sanitaires, note Denis Dubois. Et plus il y aura d’ouverture [de la santé publique], plus on ajoutera du public, quand ce sera permis. »

La rentrée variétés de TVA comptera aussi sur les émissions À tour de rôles, avec Marie-Ève Janvier, qui fouillera dans les archives télévisées en compagnie de différents duos d’acteurs, sur En studio avec Marc Dupré, où des quidams pourront enregistrer une chanson, et sur Sans rancune, un concept où un panel d’humoristes se moquera amicalement de toutes sortes de groupes (comme les coiffeuses, les fans du Canadien, les nouveaux parents, les propriétaires de chiens…) La voix terminera aussi sa saison.

Et les fictions ?

Les choses avancent moins vite du côté du tournage des fictions, note la direction de TVA, précisant que le scénario de certaines émissions comme L’échappée permet de boucler les émissions manquantes, ce qui n’est par exemple pas le cas pour L’heure bleue.

La question des assurances reste aussi à régler, note Denis Dubois, car sans celles-ci, les fonds ne sont pas transférés et les tournages ne peuvent se réaliser. « Ça bouge, il y a des représentations qui sont faites auprès de différentes instances gouvernementales, entre autres, mais il n’y a pas de conclusion encore. »

Chose certaine, les fictions coûteront plus cher, dit Denis Dubois, « on est obligés de répondre à ça. Mais des fois, dans la contrainte, et même dans la contrainte budgétaire, il y a des choses intéressantes qui peuvent se passer ».

Un gala Artis en gestation

Malgré la situation, le gala Artis n’est pas mort, a affirmé le vice-président des contenus originaux de Québecor, Denis Dubois. Il n’y aura pas de gala en soi, mais le réseau « travaille sur une proposition actuellement. Ça ne sera pas du tout dans le même format, mais il y [aura] remise de prix ». Le sondage populaire était terminé au moment de l’arrivée de la pandémie, précise TVA.


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