«Les fleuristes»: voyage fictif au cœur de l’immigration

Les séries télévisées québécoises s’aventurent rarement au cœur de l’immigration. Et quand elles s’y intéressent, c’est souvent par la bande. TV5 comble cette lacune en présentant Les fleuristes, une websérie écrite par Nicolas Krief, réalisée par Maxime Pouliot et produite par Patrice Bilodeau. Les fleuristes, c’est surtout l’histoire de Walib (Anas Hassouna), un jeune Québécois métissé, de père tunisien et de mère québécoise (Macha Limonchik), qui rêve de devenir humoriste.
Freiné dans ses ardeurs professionnelles, il est contraint de travailler chez son fleuriste d’oncle (Said Benyoucef), qui souhaiterait qu’il reprenne le commerce familial. Les fleuristes est d’abord et avant tout ancré dans l’expérience de Nicolas Krief, né d’un père tunisien et d’une mère québécoise, « moitié maghrébin, moitié Rive-Sud ». « Pour moi, c’était une manière de parler de cette réalité, des immigrants de deuxième génération, et aussi des métis. »
« Ce n’est pas quelque chose qui prend beaucoup de place dans la fiction en général au Québec, mais ça commence », ajoute le scénariste, qui dit avoir été intéressé par l’idée d’aborder ce thème par le « prisme de l’humour et de l’ironie ». Mais le projet est aussi très inspiré de la vie d’Anas Hassouna, qui y tient le rôle principal.
Dans les capsules humoristiques qu’il diffuse, Anas Hassouna explore souvent des thèmes liés à l’immigration de deuxième génération. « Anas Hassouna a apporté énormément de lui à l’intérieur du projet. J’avais écrit les textes et lui, il les “punchait” », dit Nicolas Krief.
D’abord, Maxime Pouliot a eu l’idée de faire porter une websérie sur une famille de fleuristes. Puis, Nicolas Krief y a greffé de nombreux éléments de son histoire personnelle. Dans l’écriture des textes, les créateurs ne se sont pas mis de limites. « Ça parle de nous », dit Nicolas Krief. Si la série s’adresse à tous, Nicolas Krief ne cache pas qu’il aimerait bien rejoindre les gens des communautés culturelles, qui pourraient bien y reconnaître les rapports intergénérationnels de familles d’immigrants.
Nicolas Krief s’est aussi servi de l’humour pour raconter les déboires d’un artiste dans le monde du spectacle. « Je suis scénariste, donc j’évolue dans le monde du spectacle », dit-il.
La série fait d’ailleurs abondamment référence à l’humoriste Rachid Badouri, ce Québécois né à Laval de parents d’origine berbère. « Badouri, c’est un modèle pour beaucoup de jeunes artistes maghrébins, ajoute-t-il. C’est un des premiers à avoir eu un très gros succès. » Il devenait naturel que Badouri survienne comme une forme de running gag dans la websérie.
Cette websérie a été produite dans le cadre du projet Créateurs en série, de TV5, et les six épisodes existants peuvent être visionnés sur le site de la chaîne.
Nicolas Krief est un habitué des diffusions en ligne. Il a aussi coscénarisé le premier film québécois à être financé à 100 % par Netflix. Jusqu’au déclin raconte l’histoire d’un groupe de survivalistes dans le nord du Québec. Déjà, le scénariste constate la très grande portée de Netflix pour permettre au cinéma de rejoindre son public.