«Patient zéro: l’origine du sida»: la fin du patient zéro

Photo: Canal D

Le cinéaste Laurie Lynd propose une captivante relecture des années 1980 à travers la destinée d’un homme injustement mis à l’index, le Québécois Gaétan Dugas. Considéré à tort comme le patient zéro à l’origine de l’introduction du sida en Amérique du Nord — voire comme celui qui l’aurait sciemment répandu —, l’agent de bord y retrouve sa part d’humanité sacrifiée sur l’autel de la peur, sa réputation lavée sans pour autant voir certains comportements autodestructeurs niés.

Fouillé et solide, ce Killing Patient Zero (maladroitement traduit en Patient zéro : l’origine du sida) se sert du cas Dugas, ouvertement gai et libéré, pour raconter brillamment l’homophobie latente de nos sociétés. Pas moins d’une quarantaine de personnes (journalistes, spécialistes, scientifiques, proches…) éclairent ce terrible point de bascule que fut le VIH, apparu comme la métaphore parfaite d’un « cancer gai » rongeant une communauté tout juste émancipée après des années de clandestinité.

Oui, Dugas fait partie de cette histoire. Pas le zéro qui l’a marqué au fer rouge dans les médias, et surtout dans l’important essai And the Band Played On, de Randy Shilts. En vérité, ce zéro était un O pour « Out of California », étant le seul patient de la côte est identifié au sein d’un groupe où il portait l’étiquette « cas 57 ». Dugas a volontairement aidé les épidémiologistes à traquer le mal qui rongeait sa communauté. Son geste altruiste l’aura paradoxalement et injustement diabolisé. Justice lui est ici rendue avec classe et retenue.

Patient zéro : l’origine du sida

Canal D, jeudi, 22 h ; en reprise dimanche, 19 h

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