«La course folle»: pour la suite du monde

Aux îles de la Madeleine, la pêche au homard vient sans quotas à la clé, tout en étant soumise à un temps rigoureusement compté. Neuf semaines d’une pêche contre-la-montre, frénétique, que la série documentaire La course folle détaille avec autant de chaleur que d’humanité au fil d’une incursion touchante dans le quotidien de quatre pêcheurs aux histoires contrastées : Julien, Dominic, Maxime et Olivier.
À la barre de cette série en huit épisodes, le réalisateur Jean-François Fontaine prend le temps de distiller ses effets, laissant beaucoup de place aux gestes sûrs de ceux qui vivent de cette industrie, sans pour autant nier leurs doutes, encore moins le vif esprit de compétition qui les gouverne. Au scénario, Hugo Bourque déploie des trésors de finesse, émaillant le récit de cette odyssée de confidences qu’il glisse nonchalamment entre deux roulements de mécaniques et quelques soupirs ou emportements bien canalisés.
Servie par des images époustouflantes, la vie au large s’incarne dans une langue chantante au vocabulaire précis et coloré. L’apprenti capitaine Olivier raconte cette parlure avec fougue, insistant sur l’appel irrépressible de la pêche et la passation essentielle de son savoir-faire. « La cage dans les mains, c’est un poids, c’est une posture, c’est plein de souvenirs », résume-t-il en s’activant sur le pont. La pêche, surtout, « c’est mon histoire, mon identité, ma famille. C’est ma culture », dira-t-il plus loin. La course folle nous rappelle que c’est aussi un peu la nôtre, et qu’il fait bon d’en voir défiler le film.