«Amours d'occasion»: à Saint-Henri, le 16 juillet

Depuis maintenant quelques années, plusieurs s’élèvent contre le manque de diversité culturelle dans les écrans québécois. Dans sa toute première websérie, la réalisatrice et autrice Eva Kabuya répond admirablement à cette critique à travers le récit des destins croisés d’habitants de Saint-Henri, ce quartier du sud-ouest de Montréal jadis symbole de la misère grâce à Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy, aujourd’hui en processus de gentrification et multiethnique.
Presque tous les personnages des histoires d’amour de toutes sortes sises dans la moiteur caniculaire d’un 16 juillet sont d’origines autres que « canadiennes-françaises », sans qu’on ait l’impression que ce choix scénaristique est plaqué ou forcé. On salue donc cet « exploit », que l’on souhaite plus fréquent dans nos écrans.
En huit petits épisodes, cette nouvelle venue au « petit écran », qui a réalisé plusieurs courts métrages, réussit à construire un univers narratif qui reflète la réalité de ce quartier nouvellement « branché », tout en faisant écho à son passé ouvrier, à travers des histoires de cœur et d’attachement, aux accents poétiques et parfois même magiques. La réalisation inventive d’Eva Kabuya rachète les quelques faiblesses scénaristiques de ces belles histoires trop « chaleureuses », parfois étranges, qui se laissent regarder avec plaisir, surtout en ces temps froids.