Panique à bord d’«Avenue 5»

L’excellent acteur anglais Hugh Laurie revient ici dans une prestation de premier plan.
Photo: HBO L’excellent acteur anglais Hugh Laurie revient ici dans une prestation de premier plan.

« Qui est l’ingénieur ? Qui est le capitaine ? Qui a merdé ? » Dans Avenue 5, une bande d’humains pour la plupart insupportables se paient un somptueux séjour à bord d’un vaisseau de croisière spatiale. Mais lorsqu’un terrible accident survient, le petit périple se transforme en exil imposé de plusieurs années. Et quand, en plus, le navire se retrouve sans capitaine ou plutôt, sans capitaine véritable (vous verrez pourquoi), la panique s’installe pour de bon.

Justement : est-ce bon ? Sensiblement, oui. Présentée sur les ondes de HBO en version originale, et sur celles de Super Écran en français, cette série de science-fiction humoristique attire d’emblée l’attention avec un nom : Hugh Laurie. L’excellent acteur anglais s’étant illustré dans la série House, qui a trôné sur les ondes de Fox entre 2004 et 2012, revient ici dans une prestation de premier plan. Et dans un rôle fort différent de celui du docteur bourru, irascible et misanthrope, qui criait souvent « C’est du lupus ! ».

Dans ce délire des étoiles, Hugh Laurie met à profit son charisme, sa suavité et sa barbe poivre et sel pour construire le personnage d’un commandant charmeur et bon vivant. Clin d’oeil comique : son accent britannique, qu’il maquille à la perfection pour jouer les Américains, fait office de gag récurrent.

Mais il y a une autre raison pour laquelle cette « Cinquième Avenue » génère de hautes attentes : elle est créée par Armando Iannucci. L’homme est principalement connu pour nous avoir donné Veep, la satire politique maintes fois récompensée (dans laquelle Hugh Laurie tenait également un second rôle). En entrevue avec NPR, il a qualifié cette nouvelle entreprise de « comédie existentielle ».

Vrai que, pour toutes les blagues nounounes, l’ensemble touche à de grands thèmes, dont la difficulté du vivre-ensemble. L’émission se moque également de la tendance du « bien-être », mettant le doigt sur sa vacuité. La culture des navires de croisière, entreprises qui s’attirent de plus en plus de critiques pour leurs pratiques condamnables, en prend également pour son rhume. « J’ai été formé pour m’assurer que votre gel douche soit réapprovisionné, pas pour rectifier cette catastrophe qu’est l’existence humaine ! », s’énerve un responsable dépassé par les événements.

Ceux qui ont aimé Parks and Recreation risquent d’apprécier ce circuit cosmique. Explication de la référence : le personnage principal est aussi attachant et incompétent que l’était la conseillère municipale incarnée par Amy Poehler dans les Parks susmentionnés. Notons également que les quatre premiers épisodes d’Avenue 5 que nous avons pu voir mettent la table en présentant les multiples visages de l’aventure. Une assistante chroniquement de mauvaise humeur. Un couple sur le déclin qui ne cesse de se disputer. Un autre spécialisé dans la manipulation qui les mène à recevoir plein de trucs gratuits, une meilleure chambre, des massages.

Les dialogues sont concis, punchés et teintés d’absurde. Les situations tout autant. On pense à ce type qui commence à chanter du David Bowie à tue-tête lors d’un moment tragique, en changeant les paroles et en créant le malaise.

Ce qui crée le malaise, de façon nettement plus désagréable, c’est toutefois la situation assez primaire qui survient au quatrième épisode. Quand, comment dire, les choses deviennent merdiques de façon un peu trop littérale. Non, le recours à l’humour pipi-caca n’est jamais une bonne idée. (Ni les liens douteux entre « excréments et gâteau tiramisu »).

Mais outre ce moment d’errance, Avenue 5 réjouit par sa réalisation dynamique, sa direction artistique soignée et ses costumes judicieux, faits de tenues de croisière colorées, de leggings de circonstance, de petits hauts affriolants, d’uniformes de yoga et de gilets fluorescents. Les réflexions pseudo-philosophiques font également sourire. Car « un problème, c’est simplement une solution sans solution ». Touché.

Avenue 5

Les dimanches à HBO, 22 h ; en version française à Super Écran dès le 27 janvier à 21 h 50.

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