«La mosquée: une communauté menacée»: la vie après la terreur

Le 29 janvier 2017, Azzedine Soufiane et ses proches avaient prévu réchauffer ce dimanche glacial en partageant un couscous après un saut au Centre culturel islamique de Québec, raconte avec douceur son épouse, Najat Naanaa. Le commerçant de 57 ans n’est jamais revenu, tombé comme cinq autres hommes sous les balles d’Alexandre Bissonnette. « Ce jour-là, moi aussi je suis morte », finira-t-elle par glisser dans La mosquée : une communauté menacée, qui dresse un portrait posé, mais douloureux de la vie après l’attentat de la grande mosquée.
Un an a passé depuis que l’horreur s’est abattue sur la communauté musulmane de Sainte-Foy dont les plaies sont toujours vives. Ce documentaire choral entre sur la pointe des pieds dans leur intimité, tendant une oreille compatissante aux victimes collatérales d’une haine dont les échos dilués résonnent encore sur les réseaux sociaux, à la radio ou dans la rue. Plusieurs se livrent avec une générosité pudique, mais déconcertante de vérité. On les sent entourés, tissés serré, forts devant l’adversité, mais aussi fragiles, tantôt méfiants, tantôt apeurés. Jamais vengeurs.
Cette courtepointe assemblée avec beaucoup de subtilité, mais sans aucun contrepoint critique, offre un éclairage délicat, bien qu’éminemment chargé sur des hommes, des femmes et des enfants qui peinent à se remettre de ce réveil cauchemardesque. Devant le poids de ces secrets d’alcôve partagés avec beaucoup de dignité, force est de se dessiller les yeux : la guérison est encore à venir.