«La librairie francophone»: à livres ouverts

Repère prisé des lecteurs sur les radios publiques d’ici, de France, de Suisse et de Belgique, La librairie francophone ouvre une antenne sur Artv et TV5. Animée par un Emmanuel Khérad nullement démonté par ce nouveau format, cette déclinaison télé du magazine littéraire entend offrir « du choix et de la convivialité ». Deux qualités auxquelles souscrit le parrain de cette émission, l’immortel Dany Laferrière, qui rappelle la primauté des récits que l’on reliera ici « par le fil rose de la tendresse ».
La volonté de dynamiser la formule radiophonique est patente. Mais la démarche reste essentiellement superficielle ; quiconque étant un habitué de La librairie francophone retrouvera ses moindres repères dans ce télescopage. On se contente en effet de faire entrer des caméras peu inspirées qui s’activent machinalement sur un plateau aseptisé, sans même un rayonnage de livres pour le réchauffer.
À l’arrière-plan, des écrans géants s’animent sans que cela apporte grand-chose. On verra bien défiler quelques photos et vidéos équivoques, mais les écrans de veille aux couleurs pastel font inutilement bonbon, la force des mots étant supérieure à celle des images. Cette brise lettrée fait quand même grand bien, oxygénant un désert littéraire qui a sans cesse gagné du terrain à la télévision. Oui, c’est bavard, parfois un peu pédant, mais ça reste surtout sensible, cultivé et paradoxalement plein de fraîcheur, même après plus de douze ans de vie radiophonique. Longue vie à La librairie francophone !