«Les patronnes»: recherche Michelle désespérément

Laurence Davidson et Camille Mongeau vont à la rencontre de femmes de différentes générations qui brillent dans leurs milieux respectifs.
Photo: Catherine Legault Le Devoir Laurence Davidson et Camille Mongeau vont à la rencontre de femmes de différentes générations qui brillent dans leurs milieux respectifs.

Quand Laurence Davidson était enfant, sa mère prétendait être à six degrés de séparation du pape. Avec la complicité de Camille Mongeau, actrice, scénariste et productrice (et aussi restauratrice), la réalisatrice a voulu tester cette théorie en remontant une chaîne de femmes afin de se rendre jusqu’à Michelle Obama, l’ex-première dame des États-Unis.

« Pour nous, Michelle, c’est le summum de la femme qui a réussi en restant elle-même. Son côté humain et communautaire nous a vraiment touchées », explique Laurence Davidson, dont la voix et les réflexions portent la série documentaire Les patronnes.

Responsable de la recherche et des entrevues, Camille Mongeau se rappelle que le tournage n’a pas été de tout repos : « On travaille depuis un an sur ce projet-là ; il a fallu le repenser quand est venue la vague #MeToo. On est sûrement plus féministes qu’on l’était au début. Au départ, c’était un stunt : on voulait rencontrer Michelle et mettre en lumière les femmes. Avec ce qui s’est passé, on n’a pas eu le choix d’avoir une réflexion sur le sujet. »

Photo: TV5 Photo de tournage de «Les patronnes»

Oui, Laurence Davidson et Camille Mongeau sont féministes et fières de l’être : « Je célèbre le féminisme ! s’exclame Laurence Davidson. Je pense que ça se voit dans la série, où il y a une célébration de la femme et de toutes mes consoeurs, mais aussi de l’inclusion. Pour moi, le féminisme, c’est un mot qui signifie l’unité, un mot dont on ne devrait plus avoir peur. Grâce au travail de nos mères et de nos grands-mères, les femmes de notre génération ont la chance de voir ce mot comme quelque chose de positif, de festif. »

Plus réservée que sa partenaire, mais tout aussi convaincue, Camille Mongeau renchérit : « Le féminisme, c’est l’inclusion de tous, mais c’est aussi prendre sa place, revenir à quelque chose qui a plus de sens au niveau de la parité, de différentes thématiques. Dans le projet, on a inclus des hommes, qui nous ont aidées pour avancer. On n’est pas dans la dénonciation ni dans la revendication, mais dans la célébration. »

Y a de la joie !

Photo: TV5 De gauche à droite: Camille Mongeau et Laurence Davidson

Ludique, légère et joyeuse, la série documentaire Les patronnes traduit le plaisir qu’ont eu Laurence Davidson et Camille Mongeau à parcourir des kilomètres afin de s’entretenir avec des femmes de différentes générations qui brillent dans leurs milieux respectifs, dont Carolle Brabant, directrice générale sortante de Téléfilm Canada, Nathalie Bondil, directrice du Musée des beaux-arts de Montréal, la journaliste Michelle Labrèche-Larouche, la réalisatrice Édith Jorisch et la photographe Julie Artacho.

« Souvent, les femmes ont de la difficulté à dire qu’elles sont bonnes, belles et capables, on a donc voulu mettre en lumière des femmes qui n’ont pas peur de dire qu’elles ont été choisies parce qu’elles sont les meilleures. On veut que les femmes arrêtent d’avoir peur, de penser à ce que les autres penseront d’elles. J’ai envie d’éduquer les gens dans le positivisme, car c’est en riant et en étant dans la légèreté que les gens auront plus envie d’apprendre », affirme Laurence Davidson.

On regarde Les patronnes ou pas ? La critique vidéo de Manon Dumais.

 

« Les personnes qu’on a interviewées dans les vox-pop ne sont pas nécessairement des personnes qu’on va entendre s’exprimer sur le féminisme. On a des enseignantes, des travailleuses sociales ; il n’y a pas que les vedettes qui en parlent. Parmi les questions que l’on posait souvent, c’était “qu’est-ce que les femmes d’aujourd’hui peuvent apprendre de leurs aînées ?” et “qu’est-ce que nos aînées peuvent apprendre de nous ?” », se souvient Camille Mongeau.

Bien que leur série s’adresse aux jeunes filles, toutes deux souhaitent que les jeunes garçons y jettent également un coup d’oeil. « Je pense que le futur s’annonce bien, et c’est justement parce qu’on a mis notre pied à terre à la suite du mouvement #MeToo. Il fallait prendre position, mais là, il faut amener les hommes et les femmes vers le même but. Tout ça va se faire grâce à l’éducation », avance Laurence Davidson.

« Dans le vox-pop, Mélissa Lefebvre, réalisatrice du documentaire Bagages, dit quelque chose qui résume bien notre approche : “Je ne veux pas qu’on se tolère, je veux qu’on s’aime” », rappelle Camille Mongeau.

 

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