Retour à l’essentiel réussi pour le «Bye Bye 2016»

Et puis, la nouvelle cuvée du Bye Bye?, se demandait en ce 31 décembre au soir notre Québec, un peu bipolaire dans son rapport à ce bien cuit annuel. D'un côté, le cœur désirait rigoler un bon coup – on aime ça rire, ça permet de se regarder le nombril tout en n'ayant pas trop à régler ce qui ne tourne pas rond. Et de l'autre, les cyniques en nous avaient en quelque sorte le goût du sang en bouche, à la recherche du moindre faux pas de Simon-Olivier Fecteau et de son équipe. Pourtant, c'est juste de la TV, pour paraphraser le titre de l'émission qui s'intéresse à la production au petit écran.
Fecteau, comme le veut l'usage, a paradé pendant des semaines derrière le micro ou devant la caméra de dizaines d'émissions pour parler de ce Bye Bye 2016, avec le doigté d'un équilibriste : il fallait attiser le public sans rien dire du contenu, tout en abaissant ou en déplaçant les attentes. Quel étrange rapport nous avons avec cette rétrospective télévisée mythique.
Le Bye Bye reste un rendez-vous populaire majeur, attirant habituellement autour de 4 millions de téléspectateurs. Rouleau compresseur. D'ailleurs, pendant ce temps-là, Télé-Québec programmait le film Casse-tête chinois – coté 5 –, TVA diffusait le tant attendu spectacle de patin sur glace Skatemania 3, alors que V optait pour La matrice rechargée. Par chance, le CH ne jouait pas dans l'Ouest! (Pointage final : Pittsburgh 4, Montréal 3, en prolongation).
Et puis?
Photo: Radio-Canada
Philippe Couillard alors qu'il réalise que les documents obtenus de la CAQ sont... vides.
Et puis, donc? Rangez les crocs, car ce Bye Bye porté par Véronique Claveau, Anne Dorval, Pierre Brassard, Marc Labrèche et Patrice L’Écuyer a réussi à respecter la tradition satirique tout en prenant un virage simplicité, pour revenir à l'essence de l'exercice: le gag, l'esprit, le grincement de dents nécessaire, mais bien amené. Ici, il s'est révélé souvent fort précis, efficace, en croisant régulièrement deux situations marquantes de l'année pour en faire ressortir les aspérités.
Dès les premières minutes, on a compris que ce Bye Bye ne reprendrait pas le pari du grandiose des effets spéciaux, comme les précédentes éditions. Pas d'introduction pétaradante filmée sur écran vert, mais plutôt un sketch comme un autre sur Donald Trump et sa femme, ici joués habilement par Marc Labrèche et Anne Dorval, pas si loin de sa célèbre Criquette Rockwell.
Sauf exception – dont les aventures de Justin « Poppins » Trudeau dans le monde fantastique de l'aveuglement volontaire, La génération Y ou le Trône du PQ aux allures du Trône de fer – le Bye Bye 2016 a plutôt opté pour des maquillages et des prothèses légères qui modifiaient sans défigurer ses acteurs au gré des sketches. Ici, on se fiait davantage sur un trait de caractère ou sur une intonation de voix pour cerner un personnage que sur une imitation physique à l'identique.
Marc Labrèche a particulièrement brillé avec ses rôles de Jean-François Lisée, Marc Bergevin et Éric Salvail, alors que Patrice L'Écuyer a fait un bon Mike Ward et un habile Philippe Couillard. Notons aussi la sympathique présence des deux hilarants policiers de RBO qui faisaient « Bonjour la police », ramenés pour témoigner à la Commission d'enquête sur la surveillance des journalistes.
Rythme et décalages
Photo: Radio-Canada
Donald Trump apprivoise son nouveau bureau. Et toutes ses possibilités.
Cette édition a aussi adopté un rythme et une approche plus près de celle d'émission comme Les Appendices – dont le membre Jean-François Chagnon coréalisait avec Simon-Olivier Fecteau – ou Like-moi! Entre autres méthodes, on note le rythme plus rapide et la récurrence des segments (le Centre Vidéautron, l'École de chant Sophie Grégoire, l'absence de contenu), en plus d'une approche infographique un peu plus décalée tout en restant grand public.
Bien sûr, les politiciens provinciaux et fédéraux ont goûté aux « foudres » du Bye Bye, sans oublier nos voisins du Sud. Hillary Clinton a chanté une adaptation de Si j'étais un homme. « Je ne comprends pas les électeurs qui ont choisi un agresseur. » Ouch!
Et bien sûr, la culture populaire y a trouvé sa place, la bande écorchant Céline et son ultraémotivité, ou alors La Voix junior. Reste que le ratio « amusant-grinçant » a bien été balancé par plusieurs regards corrosifs sur l'économie et l'entrepreneuriat. Apple, Samsung et Uber ont reçu quelques droites à la mâchoire, et une parodie des Dragons avec une Anne Dorval incroyable en Danièle Henkel a aussi permis de ne pas oublier l'achat de Saint-Hubert et de Rona et les subventions par Québec de Bombardier.
En clair, cette édition du Bye Bye n'était pas du manger mou de CHSLD, mais un repas consistant et plein de textures, intelligemment conçu, mais amusant à déguster.
Du côté d'Infoman
Juste avant le Bye Bye, Jean-René Dufort et la bande d'Infoman ont comme à leur habitude parcouru l'année mois par mois, travers après travers. La formule permet encore une fois d'enfiler les perles plus ou moins pathétiques comme sur un chapelet : de Célibataires et nus, à « la roue à trois boutons » de Sam Hamad, en passant par John Doe, la poursuite contre le Journal de Mourréal ou la course à la direction du Parti conservateur et du Parti québécois. Quelques enjeux ont croisé des sketches du Bye Bye, comme les incontournables pitbulls et les repas des CHSLD, mais rien de dérangeant.
Reste que la formule temporelle a relégué des sujets comme l'élection de Trump ou l'écoute des journalistes par la police en toute fin de parcours, laissant aussi une place à toutes les tragédies humaines de l'année à la dernière phrase de l'émission. Et c'est peut-être l'histoire qui a le hoquet, mais une ixième entrevue de fin d'année avec le premier ministre Couillard, fort peu loquace, donnait des airs de déjà-vu à Infoman.
En début de soirée
La soirée a débuté avec la version télé de l'émission radio À la semaine prochaine, rebaptisée À l'année prochaine pour l'occasion. Cette spéciale, comme l'émission régulière, commence à manquer de souffle malgré le talent de ses membres. Notons le travail de Pierre Verville et Michèle Deslauriers en Serge Fiori et Monique Giroux.
Puis En direct de l'univers avait préparé une édition de 90 minutes avec Ricardo, Julie Perreault, Jean-Michel Anctil et Serge Denoncourt, qui a joué son rôle – oh combien apprécié – de trublion qui ne joue pas le jeu du « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Quand même, le metteur en scène grincheux a trouvé son plaisir, et a eu les yeux brouillés par les souhaits de la troupe du spectacle GRUBB. L'émission qui a multiplié les medleys a aussi fait quelques clins d'oeil musicaux à l'actualité, avec comme bon flash Protest Song de et par Richard Séguin pour souligner « l'arrivée d'un autre président ». Welcome, yankee.
Fecteau, comme le veut l'usage, a paradé pendant des semaines derrière le micro ou devant la caméra de dizaines d'émissions pour parler de ce Bye Bye 2016, avec le doigté d'un équilibriste : il fallait attiser le public sans rien dire du contenu, tout en abaissant ou en déplaçant les attentes. Quel étrange rapport nous avons avec cette rétrospective télévisée mythique.
Le Bye Bye reste un rendez-vous populaire majeur, attirant habituellement autour de 4 millions de téléspectateurs. Rouleau compresseur. D'ailleurs, pendant ce temps-là, Télé-Québec programmait le film Casse-tête chinois – coté 5 –, TVA diffusait le tant attendu spectacle de patin sur glace Skatemania 3, alors que V optait pour La matrice rechargée. Par chance, le CH ne jouait pas dans l'Ouest! (Pointage final : Pittsburgh 4, Montréal 3, en prolongation).
Et puis?

Et puis, donc? Rangez les crocs, car ce Bye Bye porté par Véronique Claveau, Anne Dorval, Pierre Brassard, Marc Labrèche et Patrice L’Écuyer a réussi à respecter la tradition satirique tout en prenant un virage simplicité, pour revenir à l'essence de l'exercice: le gag, l'esprit, le grincement de dents nécessaire, mais bien amené. Ici, il s'est révélé souvent fort précis, efficace, en croisant régulièrement deux situations marquantes de l'année pour en faire ressortir les aspérités.
Dès les premières minutes, on a compris que ce Bye Bye ne reprendrait pas le pari du grandiose des effets spéciaux, comme les précédentes éditions. Pas d'introduction pétaradante filmée sur écran vert, mais plutôt un sketch comme un autre sur Donald Trump et sa femme, ici joués habilement par Marc Labrèche et Anne Dorval, pas si loin de sa célèbre Criquette Rockwell.
Sauf exception – dont les aventures de Justin « Poppins » Trudeau dans le monde fantastique de l'aveuglement volontaire, La génération Y ou le Trône du PQ aux allures du Trône de fer – le Bye Bye 2016 a plutôt opté pour des maquillages et des prothèses légères qui modifiaient sans défigurer ses acteurs au gré des sketches. Ici, on se fiait davantage sur un trait de caractère ou sur une intonation de voix pour cerner un personnage que sur une imitation physique à l'identique.
Marc Labrèche a particulièrement brillé avec ses rôles de Jean-François Lisée, Marc Bergevin et Éric Salvail, alors que Patrice L'Écuyer a fait un bon Mike Ward et un habile Philippe Couillard. Notons aussi la sympathique présence des deux hilarants policiers de RBO qui faisaient « Bonjour la police », ramenés pour témoigner à la Commission d'enquête sur la surveillance des journalistes.
Rythme et décalages

Cette édition a aussi adopté un rythme et une approche plus près de celle d'émission comme Les Appendices – dont le membre Jean-François Chagnon coréalisait avec Simon-Olivier Fecteau – ou Like-moi! Entre autres méthodes, on note le rythme plus rapide et la récurrence des segments (le Centre Vidéautron, l'École de chant Sophie Grégoire, l'absence de contenu), en plus d'une approche infographique un peu plus décalée tout en restant grand public.
Bien sûr, les politiciens provinciaux et fédéraux ont goûté aux « foudres » du Bye Bye, sans oublier nos voisins du Sud. Hillary Clinton a chanté une adaptation de Si j'étais un homme. « Je ne comprends pas les électeurs qui ont choisi un agresseur. » Ouch!
Et bien sûr, la culture populaire y a trouvé sa place, la bande écorchant Céline et son ultraémotivité, ou alors La Voix junior. Reste que le ratio « amusant-grinçant » a bien été balancé par plusieurs regards corrosifs sur l'économie et l'entrepreneuriat. Apple, Samsung et Uber ont reçu quelques droites à la mâchoire, et une parodie des Dragons avec une Anne Dorval incroyable en Danièle Henkel a aussi permis de ne pas oublier l'achat de Saint-Hubert et de Rona et les subventions par Québec de Bombardier.
En clair, cette édition du Bye Bye n'était pas du manger mou de CHSLD, mais un repas consistant et plein de textures, intelligemment conçu, mais amusant à déguster.
Du côté d'Infoman
Juste avant le Bye Bye, Jean-René Dufort et la bande d'Infoman ont comme à leur habitude parcouru l'année mois par mois, travers après travers. La formule permet encore une fois d'enfiler les perles plus ou moins pathétiques comme sur un chapelet : de Célibataires et nus, à « la roue à trois boutons » de Sam Hamad, en passant par John Doe, la poursuite contre le Journal de Mourréal ou la course à la direction du Parti conservateur et du Parti québécois. Quelques enjeux ont croisé des sketches du Bye Bye, comme les incontournables pitbulls et les repas des CHSLD, mais rien de dérangeant.
Reste que la formule temporelle a relégué des sujets comme l'élection de Trump ou l'écoute des journalistes par la police en toute fin de parcours, laissant aussi une place à toutes les tragédies humaines de l'année à la dernière phrase de l'émission. Et c'est peut-être l'histoire qui a le hoquet, mais une ixième entrevue de fin d'année avec le premier ministre Couillard, fort peu loquace, donnait des airs de déjà-vu à Infoman.
En début de soirée
La soirée a débuté avec la version télé de l'émission radio À la semaine prochaine, rebaptisée À l'année prochaine pour l'occasion. Cette spéciale, comme l'émission régulière, commence à manquer de souffle malgré le talent de ses membres. Notons le travail de Pierre Verville et Michèle Deslauriers en Serge Fiori et Monique Giroux.
Puis En direct de l'univers avait préparé une édition de 90 minutes avec Ricardo, Julie Perreault, Jean-Michel Anctil et Serge Denoncourt, qui a joué son rôle – oh combien apprécié – de trublion qui ne joue pas le jeu du « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Quand même, le metteur en scène grincheux a trouvé son plaisir, et a eu les yeux brouillés par les souhaits de la troupe du spectacle GRUBB. L'émission qui a multiplié les medleys a aussi fait quelques clins d'oeil musicaux à l'actualité, avec comme bon flash Protest Song de et par Richard Séguin pour souligner « l'arrivée d'un autre président ». Welcome, yankee.