De «SNL» à «LNS»

Une partie de la bande de comédiens de «Saturday Night Live» a aussi travaillé sur «Le nouveau show».
Photo: Radio-Canada Une partie de la bande de comédiens de «Saturday Night Live» a aussi travaillé sur «Le nouveau show».

On l’a dit souvent, mais on peut encore le répéter : il n’y a parfois rien comme la télé pour rire méchamment de la télé. Le nouveau show  (LNS), qui entre en grille ce vendredi sur ICI ARTV fournit une autre preuve particulièrement efficace en s’attaquant aux émissions d’antan.

Les nostalgiques du prétendu ancien âge d’or de Radio-Canada (RC) méditeront leurs mémoires déformantes en visionnant les parodies de Boubou et de Boubou dans l’métro, impayables variétés des années 1970 animées par Jacques Boulanger. La belle et drolatique jeunesse d’aujourd’hui propose Allô Poupou en lieu et place, version diète encapsulée qui mérite à elle seule de se coller à cette nouvelle émission à sketches.

Dans un coup matraque du dixième et dernier épisode, l’animateur arrive en minivélo dans un décor en carton-pâte. Il arbore fièrement des pantalons saumon à pattes d’éléphant, une chemise d’arlequin, une permanente. La mascotte Boucane le rejoint. Comme d’habitude, le canard est toujours de bien mauvaise humeur.

Ce jour-là, Poupou et Boucane reçoivent Mireille qui devrait jouer du verrillon. 

La production introduit aussi des segments tournés dans les coulisses. Au lieu de critiquer les vieilles émissions, la nouvelle poursuit ainsi dans la mode de la télé dans la télé, on ne peut plus de notre temps. Ce médium est un peu amoureux de lui-même, comme le théâtre se regarde le nombril sur scène, comme le cinéma tourne des films sur le cinéma. Pourquoi pas.

 

SNL à l’envers

Le tout premier volet de la première saison commence avec de fausses auditions des jeunes comédiens qui se présentent un à un. On voit donc défiler Katherine Levac, Virginie Fortin, Léane Labrèche-Dor, Mickaël Gouin et Phil Roy. La série emploie aussi Pier-Luc Funk, Guillaume Girard et Mathieu Quesnel.

Une part de cette bande a bossé sur les quelques émissions de Saturday Night Live (SNL), version locale, développée pour Télé-Québec l’an dernier. L’émission à sketches n’a pas pris, pour toutes sortes de raisons, dont celle que le produit coûtait bonbon sans être tout à fait convainquant. Une fois transférée de la direction de TQ à celle de RC, Dominique Chaloult a traîné avec elle les forces vives de cette comédie mort-née pour ressusciter une sorte de version dérivée. SNL s’est renversé pour devenir LNS.

Le mot change, la chose aussi. Il n’y a pas de musique live ni d’invités de marque dans la nouvelle mouture. Le format passe de 90 à 30 minutes. L’actualité chaude ne s’infiltre jamais dans le propos.

Par contre, l’émission comique en version 2.0 ratisse large comme la grande soeur américaine en faisant de l’humour avec des historiettes plantées dans toutes sortes de milieux, une agence de voyage par exemple, ou un cabinet de médecin. Et comme dans SNL, tout ne se vaut pas dans LNS. Certains sketches semblent longuets même s’ils ne durent que quelques minutes. Normal. À dix épisodes d’une demi-heure chacun, on arrive tout de même à un total de cinq heures de blagues et il faut être un peu indulgent.

Il faut finalement se rappeler que cet humour en capsules a de la féroce concurrence. La nouvelle émission de TQ Like-moi ! exploite assez bien le créneau des relations amicales et amoureuses pour la génération Y (aussi dite XXL…). Surtout, la vieille émission de TQ Les Appendices poursuit son excellente et très forte vie délirante. La nouvelle saison vient de commencer et, désolé de le dire, en général comme en particulier, elle demeure toujours imbattable.

Et quoi encore ? Ah oui, le genre morcelé en courts segments sert à faire du volume en ligne. LNS a d’ailleurs d’abord été diffusé en bloc, tout d’un coup, sur la plateforme Tou.tv Extra, la payante. Après son passage par ICI ARTV, elle ira sur la télé généraliste de RC.

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