Jouer sa vie

Dans une autre vie, Joe Weisberg travaillait pour la CIA, mais il n’a jamais participé à une mission d’espionnage. C’est du moins ce qu’affirmait aux médias le scénariste de The Americans, avant la diffusion de sa première saison sur la chaîne FX en janvier 2013, une captivante série qui mêle habilement le suspense d’espionnage et le drame conjugal, mais aussi le thriller politico-historique.
Weisberg s’est tout de même inspiré de récits de collègues lors de son passage à « l’agence » dans les années 1990, et surtout du scandale du « Illegals Program », un réseau d’agents dormants russes bien intégrés à la société américaine, qui a été démantelé par le FBI en 2010. Il a toutefois planté ses « illégaux » dans un décor bien différent : on fait la connaissance de son couple d’espions russes parfaitement américanisés, les Jennings, au lendemain de l’élection de Ronald Reagan, alors que la guerre froide connaît un petit regain avant la chute du rideau de fer, 10 ans plus tard.
Banlieusards en apparence tout ce qu’il y a de plus banals, propriétaires d’une agence de voyages et parents de deux enfants, les Jennings (incarnés avec aplomb par Keri Russell et Matthew Rhys) mènent leurs opérations pouvant mener à la déstabilisation des États-Unis au péril de leur vie et à l’insu de tous, y compris leur progéniture. Mais le nouveau voisin d’en face, un agent du service de contre-espionnage, inquiète...
Dès les premières minutes de ce thriller psychologique et politique qui nous entraîne dans les coulisses de pouvoirs mystérieux, on se sait pris au piège par un récit qui risque de mal se terminer, mais qu’on espère le plus long possible tellement il est captivant, rebondissant et surprenant. De la bien grande télé, servie dans un écrin somptueux et « vintage ». Difficile, très difficile de se contenter d’un seul épisode par semaine...