Burqa Avenger fait ses premières armes à la télévision pakistanaise
La nouvelle superhéroïneBurqa Avenger, version pakistanaise de Wonder Woman, luttant contre les islamistes radicaux à coup de « crayons et de livres » et gardant l’anonymat le visage voilé sous sa burqa, a fait ses premières armes dimanche soir au petit écran.
En plein ramadan, mois du jeûne musulman, où les chaînes de télévision rivalisent d’ingéniosité pour gonfler l’audimat, la chaîne privée GEO a lancé cette série d’animation très attendue centrée sur le personnage de Jiya, une institutrice qui se transforme pour devenir Burka Avenger (« la Vengeresse en burqa »).
Mais contrairement à la Wonder Woman au charme magnétique et à la silhouette mise en valeur par un bustier serré, la « Vengeresse en burqa » cache son corps et son visage afin de préserver son anonymat.
Dans la ville fictive de Hawalpur, la superhéroïne pakistanaise, une orpheline entraînée aux arts martiaux tel Karate Kid par un vieux maître, lutte contre l’ignorance et pour le droit des filles à l’éducation.
Cette série d’animation en ourdou, langue nationale du Pakistan, géant de 180 millions d’habitants, mélange le mythe du superhéros à une esthétique manga, les dessins animés japonais, sur fond de musique traditionnelle, électro et rap.
Écrite par Haroon Rashid, star de la pop pakistanaise, Burka Avenger se veut d’une actualité brûlante dans ce pays musulman où plus de la moitié des jeunes filles ne sont pas inscrites à l’école, une situation décriée par la jeune militante Malala Yousafzaï, miraculée en octobre dernier d’une attaque des talibans.
« Les motivations derrière cette série sont nobles. […] Mais est-il juste de prendre une burqa et de la rendre cool auprès des enfants, de laver le cerveau de jeunes filles pour leur faire croire qu’une burqa vous donne du pouvoir alors qu’en fait elle vous en prive ? », a écrit dimanche la féministe pakistanaise Riba Shah.
Les créateurs de la série font valoir que le personnage principal enseigne sans voile et ne porte la burqa qu’à l’occasion, pour lutter justement contre les forces hostiles à l’éducation et préserver son anonymat.