À voir le mardi 25 décembre - Bienvenue à Saint-Élie-de-Caxton
Le Québec a découvert Fred Pellerin à la défunte émission de radio Indicatif présent animée par Marie-France Bazzo. La question que plusieurs auditeurs se posaient alors, après s’être laissé bercer par les histoires du conteur et, surtout, par sa parlure inimitable, était la suivante: «Saint-Élie-de-Caxton, coudonc, ça existe-tu?»
Que oui. Et aujourd’hui, son plus illustre fils triomphe en France, où il relate, comme il continue de le faire ici avec un succès qui ne se dément pas, les petits et grands bouleversements qui ont marqué son patelin, fussent-ils réels, inventés, ou l’un et l’autre à la fois.
Dans l’intervalle, Luc Picard nous a offert une adaptation cinématographique des aventures de l’un des personnages les plus aimés de la mythologie de Fred Pellerin: Babine. Alors qu’Ésimésac, la deuxième incursion de l’acteur et réalisateur dans l’univers de Pellerin, connaît un beau succès au cinéma, il fait bon revoir Babine chez soi.
Babine est un gentil simple d’esprit qui ne ferait pas de mal à une mouche. Demandez à son meilleur ami Toussaint Brodeur, éleveur de lucioles; il vous le dira. Fils de «la Sorcière», une guérisseuse belle mais peu sociable, Babine mène une existence heureuse à Saint-Élie-de-Caxton, jusqu’au jour où l’église du village flambe, emportant dans la mort le bien-aimé curé de la place. Son remplaçant, un véritable inquisiteur, celui-là, aura tôt fait de trancher que c’est Babine qui a allumé le brasier. S’ensuivent condamnation, évasion, puis éveil à l’amour, rien de moins.
Dès les premières images de L’audition, son premier long métrage en tant que réalisateur, Luc Picard affirmait un œil rompu aux possibles du cadre et de la composition. Avec Babine, son second film, l’acteur-cinéaste confirme cela tout en changeant radicalement d’univers, épousant celui d’un autre, celui de Fred Pellerin. En cela, Luc Picard a su rendre avec une belle verve visuelle les descriptions très colorées du conteur. La langue fleurie, toute en tournures savoureuses, se voit également transposée avec amour et respect par quelqu’un qui, manifestement, tenait à préserver l’esprit et la lettre de la source.