Trois quarts de siècle représente un âge respectable, qui mérite amplement d'être célébré dignement, et même en grande pompe. Malgré tout le respect qu'on doit à une institution aussi importante et aussi significative pour les Canadiens, il peut tout de même être intéressant d'avoir un regard critique sur son parcours.

C'est du moins ce qu'on aurait aimé, dans une certaine mesure, pouvoir retrouver dans cette chronologie de l'histoire de la société publique, dressée en parallèle à celle de la société québécoise et canadienne. Comme le soulignait notre collègue Stéphane Baillargeon au lendemain du visionnement de presse de l'émission, celle-ci «pèche franchement par excès d'autocongratulation». On la vante, tout au long de cette heure qui remonte le fil du temps depuis les débuts en novembre 1936, à coups de «plus grand», «plus important», «premier»... Il est vrai que la Société Radio-Canada a fait figure de pionnière au plan technologique, qu'elle a accompli des exploits dans ce domaine, entre autres lors du couronnement de la reine Élisabeth II et pendant les Jeux olympiques de Montréal, mais on aurait aimé, par exemple, voir un petit segment sur la construction des bâtiments actuels à Montréal et ses conséquences. Bref, un peu moins de caresses dans le sens du poil et un peu plus de sens critique auraient été grandement appréciés.

Après le pot, les fleurs: malgré ce parfum de vidéo corporative, il faut admettre que cette émission spéciale, la première d'une série de cinq, a le grand mérite de faire découvrir aux jeunes et moins jeunes les accomplissements et l'influence profonde de Radio-Canada sur l'évolution culturelle, sociale et politique du pays et réussit à rendre vivant cet héritage, grâce aux images et aux extraits sonores tirés de ses abondantes archives et aux témoignages d'artisans, de professionnels et d'artistes qui y ont oeuvré. Et ces qualités compensent quand même un peu les défauts.

75 ans toujours jeune - L'Histoire
Radio-Canada, 21h