Télévision: Guy A. Lepage, journaliste

Radio-Canada ne tenait pas au «branding» journalistique de son animateur vedette, mais le Conseil de presse du Québec (CPQ) a tranché dans le sens contraire en jugeant que Guy A. Lepage «effectuait bien un travail assimilable à celui d'un journaliste». L'opinion tranchée se retrouve dans une décision concernant l'émission dominicale Tout le monde en parle rendue publique hier par le tribunal d'honneur de la profession.

Le sujet même de la cause amplifie l'intérêt de la décision puisqu'il concerne directement le journaliste Ian Halperin, reçu sur le plateau de Tout le monde en parle (TMP) le 11 avril 2010. Le plaignant, Giovanni (Wolfmann) Bruno, reprochait à Guy A. Lepage et son acolyte Dany Turcotte de s'être livrés «à une vendetta et à un règlement de comptes». M. Halperin a publié une biographie non autorisée et sulfureuse de Guy Laliberté, un ami de M. Lepage, qui se serait acharné sur le biographe, selon la plainte, en tenant des propos jugés «irrespectueux, injurieux, voire haineux». Bref, un journaliste persiflant une vedette aurait été malmené par une vedette persiflant un journaliste.

La directrice de la télévision de Radio-Canada, Louise Lantagne, jugeait le grief non recevable par le CPQ, affirmant que TMP n'est pas une émission d'information. Beaucoup de journalistes professionnels n'en pensent pas moins et se désolent depuis des années du mélange des genres de cette émission soufflant le chaud sensationnaliste et le froid informationnel.

Nenni, nenni, tranche le tribunal, qui cite sa jurisprudence. «Lorsqu'un employé effectue en ondes des fonctions assimilables à celles d'un journaliste (entrevue, information, commentaires), dit le jugement, il est réputé agir dans une fonction journalistique et il est alors considéré à ce titre dans la portion de l'émission consacrée à cette fonction». D'où l'idée que certains segments de TMP relèvent du divertissement et certains autres de l'«acte journalistique».

Le tribunal juge même que Dany Turcotte, le «fou du roi», pouvait se permettre de blaguer sur l'apparence de l'invité puisque «le journalisme d'opinion permet aux journalistes "d'adopter un ton polémiste pour prendre parti et exprimer leurs critiques, dans le style qui leur est propre, même par le biais de l'humour"».

Finalement, la décision rejette tous les volets de la plainte, concernant aussi bien la discrimination, les propos injurieux, l'atteinte à la dignité et à l'image, que l'atteinte à la réputation. Le jugement sur TMP et d'autres causes rendues récemment par le tribunal d'honneur se retrouvent sur le site conseildepresse.qc.ca.

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