La chute du gangster Al Capone provoquée par la brigade des Incorruptibles et son chef Elliot Ness compte parmi les anecdotes les plus souvent visitées de l'histoire du crime aux États-Unis. En la revisitant, le documentariste Patrick Jeudy s'attaquait à des faits pour la plupart largement connus. Dès lors, tout est affaire d'angle. Difficile d'identifier celui de ce brouillon Elliot Ness contre Al Capone.

D'emblée, on s'étonne que la chaîne française Arte ait apposé son sceau d'approbation sur cette production très standard. Laquelle débute pourtant de manière prometteuse avec l'annonce de la mort d'Al Capone en 1947 dans sa résidence de la Floride au lendemain d'une tempête historique qui produisit plus de manchettes que le trépas de l'ancien parrain de la mafia de Chicago. Ces premières minutes s'avèrent les plus intéressantes, alors que l'enfance de Capone est abordée.

Ainsi apprend-on que ce dernier n'est absolument pas issu d'un milieu criminel, mais plutôt d'une honnête famille d'immigrés napolitains dont les père et mère trimaient dur en tant que barbier et couturière. Recruté par un gang, Capone gravit rapidement les échelons et tue sans le moindre état d'âme, acquérant au passage la fameuse cicatrice au visage qu'il maquillera toujours et qui lui valut d'être surnommé Scarface (le Balafré), sobriquet qu'il fallait éviter d'évoquer en sa présence.

Puis Elliot Ness débarque sur fond de Grande Dépression et de prohibition. La suite, on la connaît fort bien. Aucun détail neuf n'étant mis en lumière, une exécution plus dynamique aurait aidé. Jeudy se contente de présenter un collage d'extraits de films (Le Balafré, de Hawks, Le Petit César, de LeRoy), de photos d'archives et de jolis dessins à l'encre avec, en guise d'agent liant, une narration un brin empesée. Un manque d'éclat que la trame sonore composite, qui alterne des extraits des Quatre Saisons avec des pièces heavy metal, n'aide en rien. Les Incorruptibles de Brian De Palma n'importe quand.

Elliot Ness contre Al Capone - Artv, 20h30