Danse - Jouthe intime

Irrésistible. Tout simplement irrésistible. Emmanuel Jouthe, sans doute le chorégraphe le plus éclatant de la dernière génération à Montréal, procure avec M un plaisir véritable. Celui de voir une danse énergique et sensuelle qui ne s'encombre pas de lourdeur, une danse qui ne se laisse pas brider par la réflexion qui la sous-tend. M est la première création d'un projet chorégraphique en deux parties sous le thème De la pudeur, amorcé en Allemagne avec Félix Ruckert, un complice du temps de la pièce Hautnah. Dans cette première pièce, Emmanuel Jouthe a voulu explorer ce territoire parfois miné de l'intimité entre deux hommes. Une intimité partagée allègrement avec le public qui les encercle sur trois côtés. Dès les premiers instants, pendant que les deux interprètes - Emmanuel Jouthe lui-même et David Presseault - se toisent, immobiles, se dessine déjà le parcours complexe des émotions qui les traverseront. Le thème de la pudeur n'est certes pas facile à aborder mais qui, mieux que des danseurs, peut l'approcher? Emmanuel Jouthe, avec la fougue qui le caractérise, y plonge visiblement avec délectation, emportant avec lui le grave David Presseault. Jeux de va-et-vient entre retenue et tendresse, contraste des personnalités souligné avec une joyeuse autodérision, des soliloques livrés sans prétention, M est un délicieux concentré de Jouthe. Il ne faudrait pas priver d'autres spectateurs de ce bonheur de danse qui devrait figurer au programme lors de la présentation de Chanel et les gémeaux, le deuxième volet du projet chorégraphique, dans un mois, au MAI, rue Jeanne-Mance.

La soirée avait fort bien commencé avec Accélération, une commande de la compagnie Overall Dance de Toronto. Un autre duo, féminin cette fois, interprété par Andrea Nann et Kate Alton, qui est aussi directrice artistique de la compagnie. Un duo puissant dans lequel on retrouve toute la véhémence du mouvement d'Emmanuel Jouthe, sa découpe intelligente de l'espace et surtout cette sensualité affirmée, puissante, des danseuses qu'il a le don de mettre au jour sans ostentation.

CÉLÉBRER LA DANSE

Aujourd'hui, 29 avril, est célébrée partout dans le monde la Journée internationale de la danse. C'est le Comité international de la danse de l'Institut international du théâtre (UNESCO) qui a lancé cette initiative il y a 20 ans. Au Québec, c'est dans la capitale et à St-Pamphile, dans la MRC de l'Islet que se sont concentrées les célébrations. Quelque 150 interprètes, chorégraphes et musiciens ont offert en divers lieux des activités gratuites où se sont mélangés tous les styles de danse. À Montréal, le Regroupement québécois de la danse (RQD) lance aujourd'hui un nouveau site Internet qui deviendra un outil incontournable de communications et de références, autant pour les artistes que pour le public. À l'adresse www.quebecdanse.org, on retrouve un calendrier des spectacles, des liens vers les sites de compagnies reconnues comme des artistes émergents, un répertoire des membres, ainsi qu'un journal bimensuel. Un babillard permettra aux membres du RQD d'annoncer auditions, appels de projet, stages et autres activités. Pour livrer le message de la journée, une personnalité du milieu est choisie chaque année. Katherine Dunham, née en 1909, noire-américaine qui a établi l'anthropologie de la danse comme discipline universitaire, dit: "Quoi qu'il arrive, et si Dieu le veut bien - nous avons déjà connu le pire - je vous le répète: N'arrêtez jamais de danser!"

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