«Decypher», le retour aux sources du breakdance à Montréal

Marginal il y a encore une trentaine d’années, le breakdance gagne en popularité. De plus en plus enseignée dans les écoles de danse, la discipline fait aujourd’hui l’objet de plusieurs compétitions d’envergure et d’émissions télévisées et va même faire sa grande entrée dans la famille olympique aux JO de Paris en 2024.
Craignant qu’on oublie toutefois l’essence même de cet art né dans la rue, le danseur québécois Léo Caron a réalisé un documentaire, Decypher, qui revient sur les origines new-yorkaises du break et son implantation à Mont-réal. Entrevue.
« Ça faisait longtemps que j’avais envie d’explorer l’histoire de ma propre passion, que je pratique depuis mes 7 ans. J’avais entendu des bribes d’histoires, vu des vidéos ici et là, mais il n’existe pas de production qui rassemble tout, c’est très peu documenté », raconte Léo Caron, 27 ans, qui se fait connaître sous le nom de danseur Bboy Fléau.
Il y a quatre ans, lorsque son quotidien s’est mis à tourner au ralenti en raison d’une blessure, il a sauté sur l’occasion pour commencer ses recherches et lancer son projet de documentaire avec l’aide de son ami Adrian Colina à la caméra.
« Les gens reconnaissent certains mouvements au sol, les freezes, ces pauses quasi acrobatiques, mais ils ne connaissent pas l’histoire derrière. Je voulais vraiment donner la parole aux pionniers du break ici à Montréal, pour leur rendre hommage », explique-t-il.
Au début des années 1980
Dans son documentaire d’une cinquantaine de minutes, il remonte ainsi aux débuts des années 1980, lorsque le breakdance s’est implanté de façon fulgurante dans la métropole.
À l’époque, on était loin des plateaux télévisés et des grandes salles de spectacle. Le break se pratiquait dans les rues, les sous-sols d’appartements, le métro ou les clubs underground. « C’était un art avant d’être une discipline sportive. Les danseurs avaient cette passion commune où l’on recherchait avant tout l’originalité plutôt que la perfection du mouvement. […] Il y avait aussi un aspect de partage et de communauté très fort. C’était toute une culture, le break, ça venait avec un style de musique, un style vestimentaire aussi. Casquette sur le côté, pantalons larges, souliers Adidas. »
En tout, Léo Caron a tendu le micro à une trentaine de danseurs, qui en plus de raconter leur histoire lui ont transmis des images d’archives inédites. « J’ai dû visionner plus de 80 heures de vidéos enregistrées sur des cassettes VHS de l’époque, qu’un ami danseur m’a aidé à numériser », précise le réalisateur.
Avec son documentaire, il souhaite faire connaître aux novices la culture du break et encourager les initiés à ne pas oublier d’où vient leur passion. « La popularisation du break — avec un aspect plus commercial, plus vendeur — l’a un peu dénaturé. Mais il faut voir le positif, ça rend la pratique plus accessible, plus connue. Ça pousse les gens à s’y intéresser et à l’essayer. »