Le parcours en conte de fées de Fernand Nault

Le danseur et chorégraphe québécois Fernand Nault
Photo: Andrew Oxenham / BAnQ Le danseur et chorégraphe québécois Fernand Nault

Sa famille voulait en faire un prêtre, il ne rêvait que de danser. Le danseur, chorégraphe et professeur de danse Fernand Nault, créateur notamment du célèbre ballet Casse-Noisette des Grands Ballets canadiens, qui tient l’affiche depuis 50 ans à Montréal, aurait eu 100 ans le 27 décembre. Pour l’occasion, André Laprise, fiduciaire du Fonds chorégraphique Fernand Nault, lance une série d’activités qui jalonneront l’année pour souligner le parcours exceptionnel de l’artiste.

Au programme, on prévoit notamment la publication d’un roman graphique, la création d’une exposition itinérante, la mise en ligne de nombreux témoignages et vidéos autour de son œuvre, et la création d’un timbre commémoratif en son honneur. Forcément, quelques projets ont dû être mis de côté à cause de la pandémie.

En parcourant la vie de Fernand Nault, on croit lire un conte de fées. Né en 1920 dans un foyer pauvre et très religieux du quartier Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, Fernand Nault disait avoir décidé de devenir danseur en regardant Brigitte Helm danser le tango dans le film L’étoile de Valencia, dans les années 1930.

Photo: Fonds chorégraphique Fernand Nault

À l’époque, pourtant, danser était « péché », encore plus pour un garçon que pour une fille, a-t-il déjà expliqué, selon un recueil de citations rassemblées par le Fonds chorégraphique Fernand Nault. Mais le jeune homme n’en démord pas. Inscrit à des cours de danse à l’American Ballet Theatre (ABT), qui présentaient La Belle au bois dormant à Montréal, il se fait offrir une place dans le corps de ballet alors qu’un des danseurs était blessé. Il débute avec un contrat de six semaines à New York, mais il restera à l’ABT 21 ans. Il y sera d’abord danseur, puis maître de ballet, et enfin directeur pédagogique de l’école de la compagnie.

De retour à Montréal, il s’associe à Ludmilla Chiriaeff et devient codirecteur artistique et chorégraphe attitré des Grands Ballets canadiens, pour lesquels il chorégraphiera notamment Tommy et Carmina Burana. Mais Fernand Nault continuera de produire des chorégraphies qui seront dansées par des compagnies des quatre coins du globe.

Créer et revisiter le passé

 

Parmi les projets prévus pour l’année 2021, il y a la création d’œuvres d’art plastique inspirées des costumes des ballets créés par Fernand Nault. Le projet se fait en collaboration avec le Musée de la civilisation de Québec, qui possède la collection des costumes créés par François Barbeau pour les ballets de Fernand Nault.

L’exposition aurait dû être présentée à la Place des Arts en même temps que Casse-Noisette, annulé pour cause de pandémie. On prévoit de la présenter dans les prochains mois, notamment à Québec et à Gatineau. Le Fonds a aussi prévu une conférence sur le legs de Fernand Nault qui sera donnée en janvier par l’historienne Marie Beaulieu.

Photo: Grands Ballets canadiens Louis-Martin Charest dans «Carmina Burana», une création de Fernand Nault (1966)

« Les Grands Ballets vont vouloir faire quelque chose quand ils vont pouvoir », dit André Laprise, qui ne détesterait pas que les chorégraphies de Fernand Nault soient reprises par d’autres compagnies.

Toute une série de témoignages et de citations sera rassemblée sur la page Facebook du Fonds.

 

Pour André Laprise, le centenaire de la naissance de Fernand Nault devrait être l’occasion de valoriser un patrimoine trop souvent laissé dans l’oubli. « J’ai essayé de trouver un maximum de disciplines et de médias pour pouvoir célébrer et rendre accessible le legs de Fernand Nault au plus de gens possible, dit celui qui a été l’assistant de Fernand Nault pendant 25 ans. Au Québec, on n’est pas très versés dans le patrimoine. On est une société qui encourage la création et la créativité. […] On va vers l’avenir, vers ce qu’il y a devant nous, mais si on ne va pas revisiter le passé, on s’appauvrit. »

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